L'auteur s'est plongé, pour les besoins de ce roman captivant, dans le monde du tango, son histoire et ses légendes. Il en est ainsi ressorti un formidable travail de recherche et une indéniable envie de faire connaître cette danse latine au lecteur, tant les précisions fournies sont d'une remarquable richesse. Akli Tadjer, cet auteur franco-algérien, dont les œuvres telles que Le passager du Tassili, Le Porteur de cartable et Il était une fois... peut-être pas ont été adaptées à l'écran, revient cette fois-ci avec un nouveau roman dédié au monde flamboyant du tango et de ses danseurs. La reine du tango, cette fiction de 304 pages parue aux éditions JC Lattès, vient de recevoir le prix de "Nice, Baie des anges 2016" en France. C'est une jeune femme rencontrée par l'auteur dans le 19e arrondissement de Paris qui va donner l'envie à Akli Tadjer d'y consacrer un roman. Trentenaire, professeure de tango et célibataire, c'est en observant la vie de cette jeune Parisienne que l'auteur sera inspiré. Ce dernier commence dès lors à s'interroger : d'où vient le tango, quelle est son histoire, qui sont les tangueras, pourquoi cette jeune femme est-elle seule alors que l'art qu'elle enseigne invite à la symbiose, à la rencontre des corps et des esprits ? L'auteur trouvera toutes les réponses en consacrant un roman où Suzanne, l'héroïne, tente de trouver son identité de danseuse et de femme, mais surtout de renouer avec l'amour et ses flammes, desquelles elle ne sortira peut-être pas tout à fait indemne. L'auteur s'est plongé, pour les besoins de ce roman captivant, dans le monde du tango, son histoire et ses légendes. Il en est ainsi ressorti un formidable travail de recherche et une indéniable envie de faire connaître cette danse latine au lecteur, tant les précisions fournies sont d'une remarquable richesse. Ainsi, les codes et particularités de cette danse, sa naissance, son jargon et sa musique sont disséminés tout au long du récit. Mais cette œuvre ne tourne pas uniquement autour du tango. Le fil rouge de ce récit a trait également à la douloureuse question des origines de Suzanne, héroïne du roman, qui rêve de se couler dans les pas de sa mère, célèbre tanguera, morte trop tôt. Pour ce faire, elle essayera de revenir une vingtaine d'années en arrière, par des flashbacks qui la ramènent tantôt à son enfance, tantôt à la tragique disparition de sa mère, la plus belle et la plus talentueuse des tangueras, la reine du tango. Elle essayera de restituer le contexte dans lequel sa mère a perdu la vie et tentera de connaître la véritable identité de son géniteur. De son enfance, elle garde des souvenirs douloureux : l'angoisse, l'abandon et la solitude. Mais la rencontre avec un jeune banlieusard aux "yeux jaunes" lui apprendra à lâcher prise et à s'ouvrir aux autres, ce qui changera à tout jamais le cours de son existence. Sa routine parisienne de professeure de danse au Centre Barbara, où elle donne des cours de tango à quelques couples d'amateurs afin d'arrondir ses fins de mois, changera dès lors qu'elle fait la rencontre de Yan, un jeune banlieusard qui lui apprendra à aimer, à s'aimer et à oublier ses peurs. À travers cette œuvre, l'auteur nous emporte dans l'univers du tango par des mots bien choisis. L'écriture d'Akli Tadjer suit le rythme des pas de danse, à la fois sensuels, vibrants et cadencés. Il réussit à transmettre l'essence de cette danse et à en faire ressentir la passion. Ce roman est aussi un véritable voyage à travers le temps et l'espace, un hymne à cette danse langoureuse, une véritable déclaration d'amour au tango, sa musique, sa sensualité, sa langueur. C'est aussi un hommage aux hommes et aux femmes qui ont donné ses lettres de gloire au tango, comme Astor Piazolla, Carlos Gardel, les bandonéonistes argentins... L'écriture est simple et ondoyante, sensuelle, rythmée, telles les figures enseignées comme Ocho, Latigo, Media Vuelta... Yasmine AZZOUZ