En cas de remontée des cours à partir de cette fin septembre, la hausse ne pourra sans doute pas inverser la tendance : une baisse importante de nos recettes en devises en 2016 . L'été 2016 est marqué par des prix du pétrole à moins de 50 dollars. Le baril de Brent, variété de brut de la mer du Nord, était coté hier à 48 dollars. Cette tendance pourrait se poursuivre à l'automne prochain si la réunion informelle de l'Opep prévue à Alger fin septembre ne débouche sur aucune décision : ni gel ni baisse de production. Pour l'heure, les marchés pétroliers sont sceptiques, émettant des doutes sur la capacité de l'Opep à dégager un consensus sur le maintien ou la baisse du plafond de production de l'organisation dans quelques semaines. Si tel était le cas, l'année 2016 aurait été une mauvaise année pour l'Algérie, avec des recettes en devises à moins de 30 milliards de dollars. Dans un scénario inverse, si les membres de l'Opep parviennent à un accord sur un gel de production, comme première étape à une baisse de production en 2017, les prix du brut commenceront leur ascension. Mais si cette décision annonce une remontée des cours fin septembre, elle ne sera pas importante en cas de gel de production. Les prix dépasseront, certes, la barre des 50 dollars. Mais il faudra sans doute attendre 2017 pour arriver à des prix entre 60 et 70 dollars. Plusieurs spécialistes pensent qu'au plus tard en 2017, l'Opep parviendra à un consensus sur une baisse de production, les discussions entre Etats membres et non-membres de l'Opep amorcées en 2016 auront eu le temps de mûrir. Car cette situation de baisse des prix impacte négativement les économies y compris de l'Arabie saoudite et des autres pays du Golfe. Le premier producteur de l'Opep et son plus influent membre est prêt à baisser sa production si son geste est imité par l'Iran et les pays non-membres de l'Opep. Premier pas : l'Iran a assoupli sa position. Il est prêt à geler sa production s'il retrouve son niveau de production d'avant les sanctions internationales. En tout état de cause, dans les deux scénarios, il ne faut pas s'attendre à une amélioration importante de nos recettes en devises l'année en cours en cas de remontée des prix du pétrole à l'automne prochain, favorisée par la décision de gel ou de baisse du plafond de production de l'Opep. En un mot, le consensus d'Alger marquera dans un scénario optimiste la reprise par l'organisation de son rôle de régulation du marché pétrolier. Mais l'Opep ne représente que 30% de la production mondiale, il faudra suivre l'évolution des fondamentaux du marché : la croissance économique des pays de l'OCDE, la croissance des pays de l'Asie du Sud-Est, principalement de la Chine et de l'Inde, l'évolution de la production de schiste des Etats-Unis et le niveau des stocks américains. Si à l'effort de l'Opep se conjuguent de tels facteurs favorables à une hausse des prix du pétrole, on peut anticiper une stabilité du marché, en clair, des prix du pétrole entre 60 et 70 dollars en moyenne en 2017. En résumé, les trois derniers mois de l'année 2016 vont sans doute confirmer une baisse importante des recettes en devises, aggravant la situation financière du pays. Le risque est qu'au moment où les prix du pétrole enregistrent une hausse importante, l'année prochaine, la manne accumulée dans la caisse de régulation des recettes aura fondu le premier trimestre 2017. L'urgence n'est donc pas dans l'attente d'une remontée des prix mais dans l'application rapide de mesures budgétaires, fiscales, bancaires permettant de renflouer les finances du pays sans troubler la paix sociale. Un véritable saut périlleux qu'il faudra tenter. Car, en cas de statu quo d'ici à la fin du premier trimestre 2017, il faudra dire bonjour les tensions sociales. K. Remouche