Le syndicat enseignant annonce aussi le refus des professeurs de remettre les notes des compositions et de tenir les conseils de classe. L'administration saisit de nouveau la justice. Une action en référé est engagée. Au moment même où sept membres du conseil national du Cnapest sont traînés devant les tribunaux, la base du syndicat autonome rebondit de plus belle et annonce une journée de protestation. Celle-ci a été décidée à l'unanimité lors du conseil national tenu jeudi dernier à Alger en présence de tous les délégués des autres wilayas venus présenter leurs rapports. Les enseignants radicalisent leur mouvement et décident parallèlement un boycott administratif. Autrement dit, les notes des copies corrigées des dernières compositions seront communiquées aux élèves, mais ne seront pas, cependant, remises à l'administration. Ils ne tiendront pas aussi les conseils de classe, ce qui sans nul doute va perturber le fonctionnement de l'administration. Les enseignants ne comptent pas s'arrêter là et prévoient par ailleurs un sit-in devant le Palais du gouvernement pour la journée du 3 mars. Un choix qui est loin d'être fortuit puisqu'il coïncide avec la tenue de la tripartite. La meilleure riposte, de l'avis de ce syndicat autonome, pour signifier son mécontentement face aux dernières déclarations du président de la République à l'occasion de la commémoration du 24 février. “En déclarant qu'il ne reconnaissait que l'UGTA en tant que syndicat, le Président vient d'ignorer certaines lois de la République qui, elles, confèrent le droit d'exister aux syndicats autonomes. Il a également bafoué, par ailleurs, toutes les conventions internationales ratifiées dans ce sens, notamment celles précisées par le Bureau international du travail”, nous ont déclaré plusieurs membres du Cnapest, déplorant ainsi ce recul des champs des libertés. Traînés en justice, leur maigre salaire ponctionné, privés de leur droit à la grève, les enseignants du secondaire ne sont visiblement pas au bout de leur peine. Lors de la dernière grève observée les 6 et 7 février derniers, le ministère de l'Education ne s'est pas gêné pour saisir la justice afin de décréter l'illégalité de la grève. Ce qui fut fait aux dépens des enseignants qui n'ont pas manqué de dénoncer, à ce propos, “la partialité de la justice”. Hier encore, la tutelle a “remis ça” et introduit de nouvelles plaintes en référé et au pénal contre les auteurs de l'appel à la prochaine grève. C'est du moins ce qui est précisé dans un communiqué adressé à notre rédaction émanant de la cellule de la communication du ministère de l'Education nationale. Il est mentionné clairement que la journée de protestation est considérée comme un arrêt de travail illégal. Elle ferait ainsi l'objet de retenue automatique sur salaire, sans compter la mise en branle des procédures prévues par les textes réglementaires en matière de suspension de la relation de travail. “Le boycott des classes, la rétention des notes d'examen et les autres manquements à des obligations faisant partie intégrale de l'acte pédagogique des enseignants conduiraient leurs auteurs, non seulement à des retenues sur salaire, mais engendreraient également la mise en œuvre des dispositions prévues par les textes réglementaires en matière de rupture de la relation de travail”, conclut le document. Cnes : “Défense des libertés syndicales et du pluralisme syndical” ll La section Cnes de l'université de Bab-Ezzouar s'est exprimée par rapport au discours du président de la République, tenu le 23 février dernier au siège de la Centrale syndicale UGTA. Dans une déclaration rendue publique, la section Cnes-USTHB a noté que le premier magistrat du pays a remis en cause “le pluralisme syndical et les lois sociales” portant sur l'organisation et la représentation syndicales. Pour les représentants des universitaires, Bouteflika “renvoie dans les faits, aux calendes grecques, l'institution de l'Etat de droit en Algérie, qu'il ne cesse pourtant de s'en prévaloir”. Ils ont alors exprimé leur inquiétude devant les menaces graves qui guettent les libertés syndicales, le droit de grève et le pluralisme syndical, en soulignant plus loin : “Ces libertés sont le fruit de luttes des travailleurs (…), elles seront défendues quotidiennement par l'action et la mobilisation des travailleurs.” N. S.