Les responsables du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) estiment que si le ministère de l'Education nationale veut l'annulation du mouvement de protestation des enseignants du secondaire, il devra poursuivre en justice les 60 000 enseignants affiliés au syndicat, pas uniquement les 7 qu'il a mis dans son collimateur. La réponse des enseignants affiliés à ce syndicat au communiqué diffusé dimanche par le ministère de tutelle relevant le caractère illégal de leur journée de protestation et les menaçant de suspension en cas de débrayage est claire : ils iront jusqu'au bout de leur action de protestation. « Les pratiques des pouvoirs publics relèvent d'un temps révolu. En attaquant en justice des enseignants qui ont décidé d'observer une journée de protestation et le boycott des conseils de classe, le ministère de l'Education nationale a opté pour le pourrissement et a fermé les portes du dialogue. » C'est en ces termes que Ali Lemdani, membre du bureau national du CNAPEST, a résumé hier l'attitude du département dirigé par M. Benbouzid à l'égard de la famille des enseignants. Le CNAPEST a décidé jeudi dernier, rappelle-t-on, d'observer une journée de protestation à travers tous les lycées du pays pour demander la reconnaissance de son organisation et la prise en charge d'un certains nombre de revendications. Mais deux jours avant le jour « j », le ministère de l'Education nationale a déposé plainte contre 7 membres de ce syndicat et a menacé les enseignants de recourir aux ponctions sur salaire dans le but de faire revenir le CNAPEST sur sa décision. L'argument du département de M. Benbouzid pour expliquer le rejet de l'action du CNAPEST reste lié au fait que ce syndicat n'a pas d'existence légale. Pourtant, durant la longue grève menée par les enseignants en 2004, le ministre de l'Education avait reconnu, de fait, au CNAPEST la qualité d'interlocuteur du moment qu'il a fini par négocier l'arrêt de la grève avec ses représentants. Pour des raisons, non expliquées officiellement, les pouvoirs publics se refusent, depuis, d'agréer ce syndicat, bien que celui-ci représente une grande majorité des enseignants du secondaire. S'agissant des membres du CNAPEST poursuivis en justice, ils se sont bien présentés dimanche dernier au tribunal. Mais leur procès a été reporté à la journée d'hier. Les mis en cause se sont, une nouvelle fois, présentés au tribunal. Ils ont dû cependant plaider leur cause seuls en raison du fait que leur avocat est arrivé en retard. La cour d'Alger a pris une décision par défaut et a demandé aux 7 représentants du CNAPEST l'annulation de la journée de protestation. Toutefois, la décision du tribunal ne devrait pas être prise en compte par le CNAPEST puisque celui-ci rappelle qu'une annulation de la journée de protestation est une option qui ne peut être prise que par le conseil national du syndicat. Une option que ne peuvent pas prendre, disent-ils, les 7 personnes traînées devant les tribunaux. « La décision d'aller à une journée de protestation a été prise par le conseil national, avec l'aval de tous les enseignants affiliés au CNAPEST. Automatiquement, son annulation doit faire l'objet, au préalable, d'une autre réunion du conseil. Mais il nous est impossible, faute de temps, de réunir le conseil national », a indiqué à ce propos M. Lemdani. Il ajoutera, sur un ton ferme et de défi : « Si le ministre de l'Education veut l'annulation de la grève d'aujourd'hui il doit attaquer en justice les 60 000 enseignants qui ont exigé la tenue de la journée de protestation. M. Benbouzid doit savoir que les 7 personnes qui ont été destinataires d'une notification ne sont pas habilitées et n'ont pas le droit de suspendre la grève. » Pour souligner le caractère légal de l'action initiée par le CNAPEST, M. Lemdani, qui s'est référé à l'article 4 de la loi 90-02, précisera encore que la grève a été décidée par des enseignants et a été prise par un collectif. « Les enseignants ont décidé de maintenir la grève. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons les empêcher de passer à l'action, car nous ne sommes pas leur tuteur. Les enseignants ne comptent pas faire marche arrière, car ils ont compris que la décision du ministère est arbitraire », a affirmé le représentant du CNAPEST. Celui-ci ne comprend pas, par ailleurs, la démarche de la tutelle qui exige d'un syndicat l'annulation de sa grève, tout en continuant à faire mine de ne pas le reconnaître. « Il y a une contradiction flagrante dans les propos du ministère. S'il nous considère comme une “organisation dénommée CNAPEST, non agréée”, alors pourquoi ont-ils si peur de nos actions et pourquoi prennent-ils la peine de nous attaquer en justice », s'est interrogé le responsable du CNAPEST. A préciser que le ministère de l'Education nationale a rappelé, hier, dans un communiqué rendu public, que la chambre administrative de la cour d'Alger a prononcé un jugement en référé déclarant illégal l'appel à la journée de protestation lancé par une « organisation non agréée dénommée CNAPEST ». Le document du département deM. Benbouzid rappelle qu'en cas de non-respect de la décision de justice, il appliquera les dispositions prévues par la loi. A cet effet, il souligne que l'observation de la journée de protestation sera considérée comme un arrêt de travail et fera donc l'objet d'une retenue automatique sur salaire, nonobstant la mise en œuvre des procédures prévues par les textes réglementaires en matière de suspension de la relation de travail.