Alors que le Gabon est toujours en proie à de violentes émeutes post-électorales, l'opposant Jean Ping, qui s'est déclaré vainqueur de l'élection présidentielle, a demandé l'aide de la France. "Désormais, nous sommes suspendus à sa décision", a affirmé John Nambo, directeur de cabinet de Jean Ping, au Journal du dimanche, avant d'ajouter : "Il faut qu'il tape du poing sur la table et intervienne. Sinon, c'est non-assistance à un peuple en danger". C'est le grand dilemme pour François Hollande, selon le spécialiste de l'Afrique Antoine Glaser, qui estime qu'il serait risqué pour le locataire de l'Elysée d'intervenir au Gabon. Pour Antoine Glaser, une quelconque ingérence du président français dans les affaires gabonaises pourrait raviver les relents de la Françafrique, et à un an de l'élection présidentielle française, François Hollande, déjà au plus mal dans les sondages, risque de voir son image en prendre un autre coup. Il n'en demeure pas moins que Jean Ping espère une intervention du président français au Gabon pour rétablir l'ordre dans le pays et soutenir son accès au pouvoir. À signaler que l'opposant à Ali Ondimba Bongo Jean Ping, qui ne doute plus de sa victoire, n'a pas déposé de recours devant la Cour constitutionnelle conformément à la loi gabonaise. Son directeur de cabinet le justifie par le fait que cette instance "est présidée par la belle-mère de Bongo. Cette cour est tout sauf impartiale". En attendant, le gouvernement gabonais refuse le recompte des voix bureau par bureau que demandent Jean Ping, ainsi que l'Union européenne et la France, arguant qu'il n'est pas prévu par le code électoral. Quant à la diaspora gabonaise à l'étranger, elle multiplie les manifestations contre le régime d'Ali Ondimba Bongo, comme ce fut le cas samedi à Paris et à Ottawa, où elle a demandé au Canada d'intervenir pour mettre fin aux violences postélectorales. Par ailleurs, le représentant démissionnaire du parti présidentiel gabonais pour la France, Dieudonné Apérano, a appelé le président Ali Bongo Ondimba, proclamé vainqueur de la présidentielle au Gabon, à reconnaître la victoire de l'opposant Jean Ping au vu des "mensonges" dans les résultats électoraux. "Je souhaite vraiment que vous me fassiez honneur et plaisir en appelant M. Jean Ping qui est le président élu (...) pour lui souhaiter bon vent, lui souhaiter bonne chance et bon courage dans les nouvelles fonctions que le peuple gabonais lui a confiées lors du vote du 27 août", déclare dans une vidéo postée sur YouTube M. Apérano, secrétaire fédéral du Parti démocratique gabonais (PDG) en France tout en annonçant son retrait de la formation. Dans cette déclaration de près de trente minutes mise en ligne samedi, il poursuit : "Quand vous aurez fait cela - mais il faut que cela se passe dans les prochains jours - le peuple gabonais pourra regarder avec mansuétude votre situation". Merzak Tigrine