Pour le président gabonais Ali Bongo Ondimba dont la réélection validée par la commission électorale nationale (CENAP) mais fortement contestée par l'opposition et ses partisans, l'agitation qu'animent ces derniers ne constitue pas la menace principale qui le contraindrait à quitter le pouvoir. Dans son pays comme dans la plupart des Etats africains qui restent malgré leurs indépendances acquises soumis à la tutelle de la France, l'ancienne puissance colonisatrice, le sort des dirigeants et régimes se joue à Paris. Aussi et bien qu'en apparence les forces de sécurité qui lui sont fidèles ont le contrôle de la situation postélectorale, Ali Bongo n'est pas à l'abri d'un retournement dans celle-ci dont les péripéties pourraient être téléguidées par Paris. Le fils de Omar Bongo n'est pas en effet en odeur de « sainteté » auprès du pouvoir socialiste en France non pas à cause du caractère ubuesque et antidémocratique de son régime mais parce qu'il entretient de « coupables » complicités avec ses adversaires de droite et l'ancien président Nicolas Sarkozy en particulier. C'est un secret de Polichinelle en effet que Ali Bongo Ondimba n'a pu succéder à son père Omar il y a sept années qu'après que l'Elysée où officiait alors Nicolas Sarkozy ait donné son onction à cette option. Le scrutin présidentiel qui il y a sept ans lui a permis d'accéder au pouvoir avait été tout autant décrié et contesté au Gabon que ne l'est celui qui vient de se dérouler. Bongo n'a eu cure de l'agitation suscitée par les contestataires gabonais se sachant protégé par la puissance tutélaire dont la protection lui était acquise. Depuis l'indépendance du Gabon dans le début des années 60 et l'intronisation par décision de Foccart, le «Monsieur Afrique» du général de Gaule, de l'inénarrable président Léon M'ba, c'est à Paris que se décide le sort du pouvoir à Libreville. Omar Bongo, le père de l'actuel président, doit sa longévité à la tête de son pays à cet état de fait. De droite ou de gauche, les présidents français qui se sont succédé à l'Elysée durant son long règne lui ont prodigué caution et soutien qui ne se sont pas démentis malgré qu'il a été patent que son maintien au pouvoir accumulait les conséquences désastreuses pour le développement du Gabon et l'aspiration de son peuple à la démocratie. En retour, Omar Bongo a été leur rusé et fidèle auxiliaire en Afrique agissant pour que triomphe sur le continent la politique néocolonialiste française définie par Foccart, son « créateur » et mentor. Son fils Ali est dans la même soumission à l'égard de la tutelle française sur le Gabon, sauf que moins retors que son père il n'a pu cacher son parti pris favorable à la droite française et à son chef de file Nicolas Sarkozy, ce qui en cette période électorale en France cruciale pour les socialistes n'incite pas leur gouvernement à lui prodiguer son soutien car convaincu qu'il prodigue à cette droite des secours financiers qui lui permettent de mener campagne sans être limitée financièrement. Au vu de son passif dans l'ingérence au Gabon qui a consisté à prendre systématiquement le parti du clan Bongo, la France étonne apparemment en ayant souscrit à l'exigence formulée par l'opposition gabonaise d'un recomptage des voix électorales. Elle l'a fait néanmoins sans risque pour son influence et sa prépondérance au Gabon. En évinçant Ali Bongo, le pouvoir socialiste pourrait être en situation de gagner sur deux tableaux. Se débarrasser d'un chef d'Etat africain en « cheville » avec ses adversaires en France et la promotion d'un successeur, Jean Ping, qui n'est pas étranger au clan Bongo (il a été en effet un très proche et important collaborateur d'Omar Bongo et de surcroît son ex-gendre) et de ce fait en capacité de maintenir la cohésion de celui-ci et de poursuivre la même politique de soumission aux intérêts de la France. Encore une fois, les appels au respect de la « démocratie » s'élevant de Paris ne sont qu'hypocrites et cyniques énoncés.