RESUME : Hadda s'occupe de Karima puis va discuter avec Yanis. Il ne peut s'empêcher de lui dire la vérité et Hadda accepte de les aider. Elle appelle la famille de Karima et, en discutant avec son grand-père, elle découvre que son défunt beau-père le connaissait. Quoi de mieux pour les rassurer... Lorsque Karima et Yanis sont au courant, ils n'en reviennent pas. Hadda rit, soulagée que le vieux grand-père ait pris les choses du bon côté. Hadda a aussi pris le soin de lui donner leur numéro pour qu'ils puissent appeler. Une ambiance bon enfant règne dans la maison. Quand son mari Hamid rentre, avec une bouteille de gaz butane et un sac de semoule, tous plaisantent. Il peut encore neiger. Ils sont tous à l'abri, et vu le ravitaillement fait par la maîtresse de maison, ils savent qu'ils ne manqueront de rien. - Tu penses que tes provisions tiendront combien de temps ? lui demande son mari. - Quelques jours, répond-elle. Pourquoi ? - Viens voir dehors. Hadda et Yanis les suivent dehors et constatent que la neige n'a pas cessé de tomber. Elle leur arrive aux genoux. Si, durant toute la nuit, elle continue de tomber, il est certain que personne ne pourra sortir. - Vous avez des pelles ? Il faut les garder à portée de main, dit Yanis. Où sont-elles ? - Ne t'en fais pas, le rassure Hamid. Elles sont dans le cagibi. Ils retournent à l'intérieur de la maison. La chaleur diffusée par le poêle à mazout les réunit autour. Karima a moins mal, mais elle ne bouge pas de son coin. Les filles de Hadda apportent le dîner et ils mangent, tous ensemble, autour d'une table basse. Tous parlent en même temps, à propos de la tempête de neige et du prix du gaz qui a vite flambé. Hamid l'avait payé quatre cents dinars et le prix allait augmenter selon la demande et la disponibilité du produit. - Les commerçants n'auront jamais pitié des petites bourses, dit Karima. S'il neige encore et que tout est coupé, des familles vont souffrir. Le froid, la faim, la maladie. Mon Dieu, préservez-nous ! - Dieu n'abandonne personne. intervient Hamid avant de la prendre pour exemple. Tu tenais à rentrer chez-toi, à tout prix et tu devais désespérer après avoir chuté. Dieu t'a envoyé Yanis et te voilà, au chaud et bien entourée ! - Je pense à ceux qui n'ont pas cette chance, murmure-t-elle, en baissant les yeux lorsque Yanis risque un coup d'œil vers elle. J'aurais pu mal tomber. La coupure de courant rend la fin du dîner plus romantique. Hadda a allumé des bougies. Elle apportera ensuite de la tisane. - Buvez vite, leur dit-elle. Par soucis d'économie, au cas où la coupure serait due au mauvais temps, nous allons nous coucher tôt. Les filles, préparez le canapé pour Yanis. Karima dormira avec vous. Lydia et Lila ne perdent pas de temps. Hadda a débarrassé la table. Elle prend le soin de remplir le réservoir du poêle. La nuit s'annonçait glaciale. Pendant une grande partie de la nuit, les filles vont se raconter des anecdotes. Yanis aurait pris du plaisir à se joindre à elles mais ce serait mal vu par son oncle Hamid. Toute la nuit, il pensera à elle et à la chance qu'ils ont eu. Pour lui, c'est la plus belle nuit de sa vie. Karima qui avait cru que cette journée allait mal finir, fait aussi de beaux rêves. Même s'il y a une tempête de neige dehors, de doux rêves et espoirs la tiennent au chaud. (À suivre) A. K. [email protected]