RESUMé : Les deux amoureux partent de Bouira à pied. Le vent et la neige ont redoublé de force et les ralentissent. Yanis décide qu'ils iront chez sa tante. Car ils ne pourront jamais arriver à Haizer avant la nuit. Karima se fait une entorse en chemin. C'est l'excuse idéale pour expliquer pourquoi il est accompagné… Pendant l'heure qui suit, Hadda s'occupe de Karima, la débarrasse de son manteau, de ses bottines. Elle apporte une bassine d'eau chaude près du poêle à mazout où Karima a été installée. Celle-ci y plongera ses pieds. Sa cheville droite lui fait très mal. Hadda l'a examinée, et comme elle n'est pas enflée, elle ignore que faire. - Pas de massage. Je vais te donner un calmant. Avec un peu de chance, la douleur va disparaître. Que l'une de vous apporte une tisane, dit-elle à l'intention de ses filles. Elle prendra le comprimé avec… Elle abandonne Karima et va à la chambre où Yanis était allé se changer. Elle lui a donné des vêtements de son mari Hamid. Elle pourra sécher les siens, mouillés par la marche dans la neige. - Est-ce que je peux entrer ? demande-t-elle en frappant deux fois à la porte. - Oui. Yanis a fini de se changer. Elle le trouve assis, sur le canapé. Il sent bien à son regard qu'elle se pose des questions. Parce qu'il la connaît compréhensive et très ouverte, il décide de lui dire la vérité si elle l'interroge. Et c'est ce qu'elle fait, avec un air de reproche dans les yeux et la voix. - Qu'est-ce qu'elle faisait avec toi par un temps pareil ? - On avait rendez-vous. La neige a tout gâché. Elle va avoir des problèmes avec sa famille si tu n'interviens pas, dit Yanis. Ses frères sont terribles. - C'est juste une amie ? Ou c'est sérieux ? - Très sérieux, répond le jeune homme. Tu pourrais nous aider, la prie-t-il. Tu vas appeler sa famille pour la rassurer. - Ce n'est pas bien ce que vous avez fait, lui reproche-t-elle. - On n'a volé personne, on n'a tué personne que je sache. Et, poursuit-il, si tu nous aides, tu sauves une fille d'une mort certaine. - Ils sont si terribles que ça ? - Oui, je te le jure, soupire Yanis. Alors, tu vas la couvrir ? Hadda semble hésiter un moment, puis finit par hocher la tête. Yanis ne peut s'empêcher de la serrer dans ses bras, soulagé. - Merci ma tante. - Et qu'est-ce que je dois dire ? Elle devait avoir un prétexte pour sortir, je présume? dit- elle. - Elle avait rendez-vous pour un entretien d'embauche. Tu diras qu'elle et Lydia s'y sont rendues ensemble. - Bien. Elle retourne au salon et découvre ses deux filles en train de discuter avec Karima. Elles se connaissent des amies communes et s'étonnent de ne pas s'être connues au lycée. Lydia a vingt-cinq ans, et tout comme Lila, Karima en a vingt-quatre. Tout comme elle, elles ne travaillent pas. - Assez parler, dit-elle à ses filles, allez préparer le dîner. Elles ne se font pas prier. Hadda a décidé d'appeler la famille de Karima avant le retour de son mari et des filles, ne voulant pas les mettre dans la confidence. Elle ferme la porte du salon et demande le numéro à Karima. - Vous allez dire quoi ? - Je vais les rassurer. Vous étiez avec ma fille, et comme il neige, il vous est impossible de rentrer. Hadda compose le numéro qu'elle lui dicte. À la troisième sonnerie, on décroche, et c'est le grand-père Chérif qui répond. Elle lui explique la situation et il prend bien les choses. Il demande à en savoir plus sur l'origine de la famille et, surprise, quand elle se présente comme étant la belle-fille d'un tel, il crie de joie. Il connaissait son beau-père de son vivant. - Elle est bien tombée, lui dit-il. Elle a vraiment de la chance. Hadda ne le contredit pas. Elle est du même avis… (À suivre) A. K. [email protected]