Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est l'invité phare de la conférence de Londres sur le Moyen-Orient, où il doit obtenir des aides, mais aussi des pressions sur Israël pour faire avancer le processus de paix. En dépit de ses réserves sur l'ordre du jour de cette conférence axée sur la réforme de l'Autorité palestinienne, le numéro un palestinien, pragmatique et réaliste, pense arracher des gains sur le volet politique. Les Etats-Unis, qui sont représentés par Condoleeza Rice, promettent de secouer le puzzle moyen-oriental pour régler la question palestinienne, tandis que l'Europe insiste sur la nécessité de l'application de la “feuille de route” en vue de la création de l'Etat palestinien, se déclarant prête à un accroissement de son rôle dans le processus de paix. La “feuille de route” est un plan de paix international qui prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant, en principe en 2005, mais qui est restée lettre morte depuis son lancement en 2003, principalement à cause d'Israël et des soutiens que lui ont accordés les Etats-Unis. Israël, qui voit d'un mauvais œil l'implication de l'Europe, n'est pas représenté à la conférence. L'Autorité palestinienne s'est dotée d'un nouveau gouvernement qui s'est fixé comme priorités la mise en œuvre de réformes, la lutte contre la corruption et le rétablissement de la sécurité en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, hôte de la rencontre, se déclare d'autant plus confiant que Bush a souscrit à son projet, exerçant même des pressions sur Sharon pour prendre langue avec les Palestiniens. Mahmoud Abbas veut s'assurer que la communauté internationale ne le laisse pas seul face aux Israéliens. Outre Blair, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice, Javier Solana, représentant de l'UE pour la politique étrangère, 25 ministres des Affaires étrangères arabes et étrangers sont présent à ce forum, qui devrait offrir à l'Autorité palestinienne une plate-forme internationale pour contraindre Israël à mettre fin à ses politiques qui empêchent l'avènement d'un Etat palestinien et entravent la stabilité dans la région. La position des Etats-Unis reste tout de même assez ambiguë. Bush, favorable à Mahmoud Abbas, qu'il a invité à la Maison-Blanche, veut avant tout voir les Palestiniens s'appliquer des réformes politiques et obtenir de ses partenaires du quartette (UE, ONU, Russie) les moyens de les financer. En outre, aux yeux de Washington, la réunion de Londres est considérée comme un test de la coopération transatlantique que Bush a relancé lors de son dernier périple européen. La volonté de réussir est manifeste puisque la conférence intervient alors qu'un attentat revendiqué par le Jihad islamique s'est déroulé à Tel-Aviv. Mme Rice a nommé un général américain, William Ward, coordinateur spécial pour l'aide aux Palestiniens dans le domaine sécuritaire, promettant d'accélérer l'octroi d'une aide de 40 millions de dollars aux Palestiniens. D. B.