Convoquée à la hate à la demande du Premier ministre britannique, une conférence de soutien aux Palestiniens s'est tenue hier à Londres avec des discours et des appels pressants à faire la paix. C'est incontestablement le secrétaire général de l'ONU qui a résumé l'ambiance et la portée de cette rencontre d'une journée en parlant d'un « moment de promesses » sans pouvoir dire si celles-ci seront tenues ou non. Tout est dans le communiqué adopté en fin de journée. La réunion d'hier, apprend-on ainsi, a « pressé » Israël de respecter ses propres engagements dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient. Les participants de la réunion de Londres « ont pressé et s'attendent » à ce qu'Israël « agisse dans le cadre de ses propres engagements concernant la Feuille de route », précise le texte. Le communiqué final de la réunion de Londres relève également que « le renouveau de l'économie palestinienne dépendra d'un démantèlement significatif du système de blocus et de restrictions imposées par Israël à la circulation des biens et des personnes » dans les territoires palestiniens. Mais ce n'est là qu'une déclaration à laquelle Israël, par son absence, refuse de souscrire. L'on s'interrogera aussi comme pour un temps d'arrêt, sur ce qui reste de ce plan qu'Israël a décidé tout simplement de réécrire après l'avoir vidé de sa substance. Comme le principe de l'échéance pour la création d'un Etat palestinien prévue en 2005, à laquelle le gouvernement israélien a substitué une vague opération de retrait de la bande de Ghaza, donc sans engagement envers les Palestiniens déterminés quant à eux à ne pas renoncer à leurs droits nationaux. Comme prévu, Tony Blair a ouvert hier la réunion internationale de soutien à l'Autorité palestinienne, et non plus sur les réformes palestiniennes. « Nous sommes tous réunis ici dans un seul but, promouvoir la vision de deux Etats au Proche-Orient, un Etat israélien confiant dans sa sécurité et un Etat palestinien viable et indépendant », a plaidé M. Blair. Une vingtaine de ministres des Affaires étrangères, dont Abdelaziz Belkhadem, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, ont participé à cette rencontre, boudée par contre par les Israéliens. Dans son intervention, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui ne craint pas de se montrer optimiste après avoir déclaré que l'Administration américaine est sérieuse sur le dossier du Proche-Orient, a « espéré que cette réunion soit seulement le début d'une conférence internationale à venir, conformément à la Feuille de route, et qui permettra de trouver une solution aux problèmes des réfugiés, des colonies de peuplement israéliennes ». Le leader palestinien a assuré que « nous entendons aller de l'avant, mettre de l'ordre chez nous et respecter nos engagements ». Mais, précisera -t-il, « nous avons seulement une demande, qui est la réciprocité dans le cadre de la mise en application des principaux éléments de la “feuille de route” », sous-entendant ainsi les obligations d'Israël dans le cadre de ce document. Présent aux côtés de MM. Blair et Abbas, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a estimé que « l'ambiance est à l'optimisme ». « Il s'agit d'un moment de promesses », a-t-il insisté. Avant même l'ouverture de cette conférence, Mahmoud Abbas s'était déclaré « déterminé à mettre un terme à la multiplicité des forces de sécurité » palestiniennes, promettant ainsi une plus grande efficacité de son administration face au recours aux armes. De son côté, Mme Condoleezza Rice a averti Israël de ne pas entreprendre d'action qui pourrait faire échouer les efforts de paix au Proche-Orient. « Le gouvernement israélien va bientôt faire la démarche historique de se retirer de Ghaza et de certaines parties de la Cisjordanie », a rappelé la chef de la diplomatie américaine. « Israël ne doit pas entreprendre d'action qui nuise à un règlement final et doit aider à faire en sorte qu'un nouvel Etat palestinien est vraiment viable », a-t-elle dit. « Un Etat composé de territoires dispersés ne marchera pas et pour s'épanouir, la paix doit être protégée par beaucoup de monde », a-t-elle dit. C'est là certainement, l'élément le plus important de cette intervention, car il renseigne d'ores et déjà sur l'idée que les Etats-Unis ont du futur Etat palestinien.