Rien ne va plus au sein du Comité olympique algérien, sinon comment expliquer la série de démissions qui a touché cette institution. Le COA de Mustapha Berraf n'a jamais connu de tels problèmes. Tout a commencé après les déclarations du vice-champion olympique, Taoufik Makhloufi, qui a tiré à boulets rouges sur les responsables du COA, à leur tête Berraf et Amar Brahmia, qui était le chef de la délégation algérienne à Rio. S'en est suivi une série d'attaques interposées via la presse nationale entre les deux parties. Le COA est passé rapidement à l'acte, le président de la Fédération algérienne de cyclisme (également 2e vice-président du COA) a été démis de ses fonctions au sein du comité olympique, il a payé les frais de ses dernières déclarations où il avait appuyé les propos de Makhloufi sur la gestion catastrophique du COA, il a en effet critiqué la gestion du sport en Algérie. Les membres du COA ont pris cette décision sur la base de l'article 7 du règlement intérieur "déclarations verbales ou écrites ou/et propos portant atteinte à l'image du comité olympique ou de ses membres". La semaine dernière, Amar Bouras s'est retiré du COA en sa qualité de 1er vice-président. Son cas est différent de Fezioune, puisque c'est lui qui a préféré démissionner du COA car "des décisions importantes ont été prises sans l'accord de l'exécutif de COA, et le président de la FAA refuse de cautionner ce genre de gestion", rapporte le communiqué de la FAA. Sa démission a été illico acceptée par le président Berraf. En outre, Rachid Fezioune, que nous avons joint par téléphone, a affirmé que "le retrait de Bouras du comité olympique vient me donner raison, mon ami Amar a vu que rien ne tourne rond au sein du COA, c'est pour cette raison qu'il a voulu jeter l'éponge. Elhamdoullah, ils ont voulu jouer le rôle de la victime, alors que la seule victime dans cette affaire est bien Fezioune, qui a eu le courage de parler et de dénoncer leur gestion, mais au final ils m'ont fait passer en conseil de discipline où ils ont décidé de me virer du bureau exécutif du COA", nous dira le président de la Fédération algérienne de cyclisme. Fezioune nous explique : "À vrai dire tout a commencé lorsque je posais des questions pertinentes aux responsables du COA quatre semaines avant le départ à Rio, mais je n'ai pas eu de réponses jusqu'à maintenant. Ensuite, cette histoire a pris une autre tournure lorsque je suis intervenu sur un plateau TV où j'ai dénoncé le comportement de certains responsables qui agissaient seuls, en prenant des décisions unilatérales sans passer par le bureau exécutif. Sans aucune preuve (enregistrement ou autre), le COA m'a convoqué et je suis passé en conseil de discipline, soi-disant ils ont appliqué l'article 7 du règlement intérieur ‘'déclarations verbales ou écrites ou/et propos portant atteinte à l'image du comité olympique ou de ses membres''. Ma foi, rien ne fonctionne normalement au sein de cette institution." "J'ai le droit de déposer un recours avant mercredi, je le ferai dimanche ou lundi (ndlr, hier ou aujourd'hui). Si mon recours n'est pas pris en considération, j'irai plus loin en sollicitant le TAS de Lausanne pour faire valoir mes droits", révèle Rachid Fezioune. D'autre part, le président de la FAC insiste sur le fait qu'"il y a eu des dépassements au coa, ça je peux le confirmer, sinon comment expliquer que le président Berraf avait déclaré que les Jeux olympiques de Rio lui ont coûté 61 milliards de centimes, alors qu'en réalité, le comité olympique n'a rien déboursé, c'est le ministère qui a tout payé, et c'était 31 milliards de centimes, pas 61 milliards... Le COA n'a pas dépensé le moindre centime, c'est le premier mensonge du président Berraf. Secundo, l'histoire du vol spécial, je me suis posé la question comment un avion qui transporte au maximum 90 personnes (63 athlètes en plus des entraîneurs et quelques officiels) va coûter à l'Algérie presque 5 milliards ; en parallèle, l'avion spéciale qui a été réservé aux paralympiques comportait le même nombre de passagers a coûté 1 milliard. J'ai demandé à Brahmia de m'expliquer cette flagrante différence, mais il ne m'a pas répondu. Vous comprenez maintenant pourquoi je les gêne ! Des personnes ont utilisé l'argent de l'Etat pour payer les billets de leurs proches, c'est grave ! Ces gens-là utilisent l'argent de l'Etat à leur guise, comme si c'était leur propre argent. Je ne peux cautionner tout ça, je suis un homme honnête, et je dis la vérité. D'ailleurs, même les athlètes et quelques entraîneurs ont dénoncé ça, je citerais entre autres Makhloufi et Bouraada. Donc je ne suis pas le seul à avoir eu le courage de dénoncer la politique du COA, d'autant plus que je suis membre du bureau exécutif, donc je me suis senti responsable aussi". Enfin, Rachid Fezioune se désole sur le fait que "la moisson algérienne n'ait pas été trop prolifique à Rio. Certes, l'Algérie n'est pas habituée à glaner plusieurs médailles aux Jeux olympiques, mais je pense sérieusement qu'on aurait pu décrocher plus que les deux médailles d'argent de Makhloufi, si certains responsables n'avaient pas saboté quelques athlètes". S. M.