Ali Benflis, président de Talaie El Houriat, n'y est pas allé par quatre chemins pour donner son avis sur les prochaines élections législatives auxquelles il n'a, d'ailleurs, pas encore tranché sur sa participation. «Le pays fait face à une crise politique, économique et sociale d'une envergure sans précédent à laquelle les élections à venir ne changeront rien», a déclaré Benflis dans un entretien accordé au journal El Watan. Le président de Talaie El Houriat ne se fait pas d'illusion sur la légitimité des prochaines élections. «Les jeux sont faits» a affirmé Benflis qui soutient que le système politique en place qui répète ses mauvais choix et poursuit sa fuite en avant, sait que la fin de la tricherie politique et de la fraude électorale signifieraient en même temps sa propre fin. Deux éléments, dit-il, qui sont vitaux à la survie de ce régime et auxquels il ne peut donc pas y renoncer. «Rien n'importe pour lui, ni ses manquements à la morale et à l'éthique publique, ni sa violation de la sacralité du suffrage universel, ni son irrespect manifeste pour la souveraineté populaire sans laquelle aucune construction d'un état de droit n'est possible», a déclaré l'ancien candidat aux présidentielles de 2014. D'ailleurs, poursuit-il, ce régime ne s'en cache même pas et «met tout sur la table». «Il vient de nous signifier que rien ne changera et que les élections continueront à se dérouler dans les conditions qu'il aura lui-même fixées, qu'elles obéiront toujours aux règles qu'il aura lui-même édictées et que leurs résultats seront ceux qu'il aura lui-même prédéterminés. Le régime en place vient aussi de nous signifier que rien ne le dérange à ce que de nouvelles institutions illégitimes, sans représentativité et sans crédibilité succèdent aux anciennes tout aussi illégitimes, non représentatives et non investies de la confiance citoyenne» a déclaré le président de Talaie El Houriat qui estime que ce même régime refuse toujours d'admettre que la problématique de la légitimité est à l'origine de l'impasse politique actuelle. Affirmatif, Benflis dit que rien n'aura changé, ni avant, ni après la tenue des prochaines élections, si ce n'est que le régime politique voudra bien croire qu'il aura gagné un peu de temps mais aura en même temps fait perdre beaucoup au pays. L'intervenant estime, d'ailleurs, qu'à trop se focaliser sur ces élections, on perd de vue l'essentiel qui réside dans un système politique archaïque qui a besoin d'une refondation et d'une autre réalité vu que le pays fait face à une crise politique, économique et sociale d'une envergure sans précédent à laquelle les prochaines échéances ne changeront rien et n'influeront en rien sur le cours particulièrement dangereux qu'elle est en passe de prendre. Sur le plan social, ces élections, poursuit-il, n'apporteront rien de nouveau au pays et le peuple sait pertinemment qu'il n'a rien à attendre. Face à cette crise, constate-t-il, les élections à venir ne font pas le poids. «Elles peuvent occuper ou distraire ceux qui veulent bien leur accorder une importance, ou donner l'illusion d'une routine ou d'une normalité pseudo-démocratique, mais derrière cette devanture de la routine et de la normalité, il y a un Etat national dont les vulnérabilités s'accentuent, une économie nationale en perdition et une société saisie d'angoisse et de crainte quant à son avenir», analyse Ali Benflis. Cette échéance n'est, dit-il, au final qu'une perte de temps au moment où la crise de régime s'amplifie et s'aggrave alors que le pouvoir a d'autres soucis que sa prise en charge. Par ailleurs, Benflis estime que l'opposition a réussi à poser les vrais problèmes en mettant le pouvoir devant ses responsabilités et en imposant la transition démocratique dans le débat politique national. Des acquis incontestables, dit-il, et si le pouvoir conteste le bien-fondé «cela n'entame en rien leur pertinence et leur justesse». Toujours à propos de l'Icso, Benflis explique que ce qui unit ces forces politiques, c'est la revendication commune d'une transition démocratique et non pas la participation ou pas aux prochaines échéanciers électorales. Il n'y a pas lieu d'un éventuel éclatement de cette opposition, estime-t-il, tant que cette revendication constitue le cœur de cette instance.