Pour sa première sortie à l'étranger, le tout nouveau Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, a choisi l'Algérie avec laquelle la Tunisie partage des intérêts communs, à commencer par le domaine sécuritaire. Sa visite est une "occasion d'aborder un certain nombre de questions d'intérêt commun liées à l'évolution de la situation sous-régionale et ayant notamment trait à la coordination politique et sécuritaire ainsi qu'au développement transfrontalier", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il s'agit en fait de "concrétiser la volonté des deux peuples frères, algérien et tunisien, qui ont en partage une histoire commune, des luttes communes et un avenir commun", a rapporté l'APS. Les relations algéro-tunisiennes sont "exceptionnelles", avait déclaré M. Chahed à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene, soulignant que la Tunisie "œuvre à leur relance et à la préservation de leur niveau exceptionnel". Une raison pour laquelle, M. Chahed a choisi l'Algérie comme sa première destination en tant que Premier ministre, a-t-il expliqué. "Mon choix d'effectuer ma première visite à l'étranger en tant que chef du gouvernement en Algérie vise à souligner l'importance de ces relations", a-t-il déclaré, avant d'être reçu par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Les entretiens se sont déroulés en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, du ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, et de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb. M. Chahed a aussi été reçu par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à qui il a transmis un message de la part de son homolgue tunisien, Béji Caïd Essebsi, a indiqué un communiqué de la Présidence, relayé par l'APS. Désigné par le président Essebsi, pour succéder à l'ancien chef de gouvernement, Habib Essid, Youssef Chahed doit répondre à des défis majeurs et désamorcer, par des mesures concrètes, une crise socioéconomique explosive dans son pays. La Tunisie bouillonne depuis des mois, en raison des difficultés économiques qui se sont aggravées en raison de la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays ces deux dernières années. La multiplication des attaques terroristes, revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et l'autoproclamé Etat islamique (Daech), a plongé la Tunisie dans l'inconnu, touchant de plein fouet le secteur touristique, un des segments-clés de l'économie tunisienne. Avant la "révolution du Jasmin" de fin 2010-début 2011, qui a chassé du pouvoir l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, le tourisme participait à hauteur de 7% au produit intérieur brut (PIB) et il employait à plein temps plus de 400 000 personnes. Selon les chiffres fournis par la Fédération de l'hôtellerie et le gouvernement, la Tunisie a enregistré seulement 16 millions de nuitées en 2015, contre 29 millions l'année d'avant, soit une baisse de 30%. Les attentats contre le Musée du Bardo en mars et de la station balnéaire de Sousse en juin 2015 sont derrière cette baisse vertigineuse de la fréquentation touristique qui s'est accentuée en 2016. La crise économique et sécuritaire a eu des effets directs sur le porte-monnaie du gouvernement et la croissance, réévaluée de 2,5% à 1,4% du PIB. Le déficit public s'est creusé, quant à lui, atteignant les 6,5% du PIB, et une dette publique qui a doublé en cinq ans, selon les récents chiffres du gouvernement tunisien, contraint depuis mai dernier à s'endetter auprès du Fonds monétaire international (FMI) pour un montant de 2,6 milliards d'euros. Lyès Menacer/APS