L'armée américaine a rendu publique 1 200 pages de documents relatifs aux abus subis par les détenus dans les prisons irakiennes et afghanes, gérées par les Américains, suite à la plainte en justice d'une organisation de défense des libertés. Parmi ces documents, figurent notamment les transcriptions de plusieurs vidéos, dont une série rendant compte des activités d'une unité de la Garde nationale de Floride, où l'on peut voir un soldat donnant des coups de pied à un Irakien, blessé et gémissant. Selon l'armée, les enquêteurs n'ont pas trouvé dans ces images de preuves menant à l'inculpation de quiconque. Les documents rendus publics rendent compte de 13 enquêtes distinctes portant sur des violences présumées infligées à des détenus irakiens, dont aucune n'a débouché sur des poursuites, et plusieurs ont été classées par manque de preuves suffisantes. L'armée a, jusqu'ici, transmis les résultats de 129 enquêtes à l'American Civil Liberties Union (Aclu). En tout, 341 enquêtes ont été ouvertes sur ces sévices présumés, dont 69, sur les 226 achevées, ont débouché sur des sanctions. Au moins 109 soldats ont été punis, d'une manière ou d'une autre, dont 32 sont passés en cour martiale. Pour Jamil Jaffer, avocat de l'Aclu, ces nouveaux documents “viennent confirmer que les sévices sur détenus étaient courants en Irak et en Afghanistan”. L'Aclu et l'organisation Human Rights First ont porté plainte, cette semaine, contre le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, dans le cadre de certains de ces abus présumés. D'après le commandant Joseph Lyon, la vidéo intitulée “Folie à Ramadi”, tournée par un des membres d'une unité de la Garde nationale de Floride qu'il dirige, a débouché sur des sanctions disciplinaires. Mais il s'est refusé à en dire plus ou à préciser le nombre de ses hommes concernés. Selon le compte rendu, “Folie à Ramadi” (bastion de l'insurrection dans le triangle sunnite) montre, notamment, un détenu blessé et menotté, recevant des coups de pied d'un soldat dont on ne voit pas le visage. D'autres images montrent un soldat en train de frapper un prisonnier à la tête avec la crosse d'un fusil, mais un militaire a témoigné qu'il s'agissait d'une mise en scène, et que le détenu n'avait pas été véritablement frappé. R. I./Agences