Pour justifier ces mesures, le gouvernement admet qu'à partir de 2017, l'Algérie connaîtra une aggravation de sa situation économique. Le nouveau modèle économique, document dont Liberté détient une copie, dévoile le plan d'austérité que compte mettre en œuvre le gouvernement entre 2017 et 2019. Parmi les mesures les plus importantes de cette feuille de route de l'Exécutif, on peut citer l'abandon progressif des subventions. Ce qui veut dire que le gouvernement prévoit une libération des prix du pain, du lait, de la semoule, de la farine, des carburants, de l'électricité et du gaz dans son plan anticrise 2017-2019. Ces produits seront alors plus chers. Pour protéger le pouvoir d'achat des couches démunies, le gouvernement prévoit une aide financière. "Pour compléter ce processus de maîtrise et de rationalisation de certaines dépenses courantes, lit-on dans le document, des réflexions sont menées pour rompre graduellement avec les procédés actuels de subventions généralisées pour parvenir à la mise en œuvre d'une politique de ciblage des populations à faibles revenus permettant une meilleure équité dans l'allocation des ressources de l'Etat aux franges de population les plus nécessiteuses et une réduction de la dépense publique à un niveau soutenable." Une véritable course contre la montre est engagée. Car pour pouvoir appliquer cette mesure, il convient de mettre en place un système de ciblage efficient des couches démunies et une communication adéquate pour convaincre la population. Le nouveau modèle économique, qui s'assimile, rappelons-le, principalement à un cadrage budgétaire sur la période 2016-2019, prévoit des mesures drastiques en matière de salaires et de recrutement dans la Fonction publique. "Les orientations de cadrage pour la période 2016-2019 préconisent notamment : pour le budget de fonctionnement, lit-on dans le texte, de maîtriser l'évolution de la masse salariale à l'exception de la prise en charge de l'avancement statutaire du personnel et de contenir les recrutements dans les limites nécessaires au bon fonctionnement du service public." Pour ne pas choquer, le gouvernement utilise des euphémismes. Car en clair, maîtrise de l'évolution de la masse salariale veut dire gel des salaires à l'exception des hausses de rémunérations au titre de l'avancement. En outre, contenir les recrutements veut dire les limiter à des besoins incompressibles dans la Fonction publique. En d'autres termes, il n'y aura pas de gros recrutements en dehors de l'éducation, de la santé et des services de sécurité. Concernant le budget d'équipement, cette feuille de route prévoit de restreindre le lancement de nouveaux projets et de financer les projets d'investissements publics à rentabilité avérée (ports, aéroports, voies rapides ou autoroutes reliant les grandes villes) par des modes de financement extrabudgétaires. Dans les projets, la priorité dans leur réalisation est accordée aux entreprises algériennes. Dans les marchés publics, la préférence est accordée aux produits fabriqués en Algérie. Pour le budget d'équipement, les orientations de cadrage, mentionne le document, préconisent notamment "d'accorder la priorité au parachèvement des projets en cours de réalisation déjà lancés dans les délais fixés et aux coûts prévus, de définir les nouveaux projets dans le respect des plafonds déjà arrêtés par les pouvoirs publics, de privilégier un financement total ou partiel des projets à caractère marchand par le marché et/ou en partenariat en dehors de la sphère budgétaire et de mobiliser les moyens de réalisation nationaux, en recourant de manière systématique et prioritairement dans le cadre des marchés publics aux produits de fabrication nationale". Le gouvernement justifie cet ensemble de mesures par l'aggravation de la situation financière du pays à partir de 2017 : "Cette conjoncture renforce la conviction que les prochaines années à partir de 2017 seront marquées par une aggravation des équilibres macroéconomiques des pays exportateurs de pétrole." K. R.
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