Les contestataires reprochent au président de l'APC de La Casbah d'avoir délivré des autorisations “complaisantes” aux chômeurs qui ne résident pas dans la commune pour y exercer des activités commerciales. Le maire soutient de son côté que l'opération de délivrance s'est faite dans la transparence. La décision des autorités de mener la guerre contre le marché informel, un épiphénomène qui a atteint des proportions alarmantes, à l'origine des dysfonctionnements de l'économie nationale, mais qui, paradoxalement, constitue la planche de salut pour une myriade de chômeurs, ne s'annonce visiblement pas comme une promenade de santé pour les responsables : l'APC de La Casbah, en plein cœur de la capitale, a eu à le vérifier hier à ses dépens. Un peu plus d'une centaine de vendeurs à la sauvette, les nerfs à fleur de peau, ont protesté, hier matin, devant le siège de l'APC contre la décision des autorités locales de les “évacuer” des rues Bouzrina et Amar-El-Kama où ils y avaient établi leurs étals. Contenus par de nombreux policiers appelés pour parer “à d'éventuels débordements”, les protestataires ont crié leur colère contre ce qu'ils qualifient de “décision injuste”. À l'origine de cet accès de “tension”, leur “exclusion”, selon de nombreux témoins, de la liste des bénéficiaires d'une autorisation d'activité au niveau du marché Zoudj Ayoun. “Il (le président d'APC, ndlr) a accordé des autorisations à des gens qui ne sont pas résidants à La Casbah. Comme nous n'avons pas de revenu, nous étions condamnés à squatter les rues”, ont expliqué certains contestataires. “Il y a ceux qui sont venus de Oued Koriche et même de Bou Saâda”, soutient un autre témoin. Quelque 953 chômeurs, sur plusieurs centaines de dossiers déposés, ont bénéficié, selon les chiffres officiels, du fameux quitus. D'ailleurs peu avant le rassemblement, les manifestants se sont pris, sans faire trop de dégâts, aux bénéficiaires qui s'affairaient à monter leurs étals au niveau du marché Zoudj Ayoun. Pourtant ces arguments sont essuyés d'un revers de main par le premier magistrat de la municipalité. Selon lui, “l'opération de délivrance des autorisations s'est faite dans la transparence”. “Nous avons demandé des dossiers contenant aussi bien l'attestation de résidence, la carte d'identité et parfois des reçus pour bien vérifier la véracité des informations concernant les demandeurs d'autorisation. Et la commission composée de 17 représentants de tous les organismes a fait son travail dans la transparence”, se défend M. Zetteli. Comme pour signifier sa bonne foi, il lance même un défi aux contestataires : “Qu'ils apportent des preuves !”. En tout cas, il rappelle que la décision “d'empêcher le commerce informel sur les trottoirs” est irrévocable. Non convaincus de ses arguments, les contestataires, dont une délégation a été reçue, ont décidé de leur côté de réinvestir… les trottoirs. “On doit bien gagner notre vie, non ?” disent-ils. À noter, par ailleurs, que l'association de protection de l'activité commerciale a chargé “le président de l'APC de La Casbah et la commission de la situation qui a prévalu hier”. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, cette association, qui a tenu un sit-in devant la daïra de Bab El-Oued, a “mis en garde contre des dérapages”. Elle a ainsi décidé de combattre le marché parallèle et de mettre en place une commission chargée des affaires commerciales. K. K.