La neuvième réunion des pays voisins de la Libye s'est tenue hier à Niamey, au Niger, dans un contexte d'instabilité, qui touche non pas seulement ce pays, mais l'ensemble des pays du Sahel. "Il convient de poursuivre notre démarche, comme ce fut le cas depuis 2012, à œuvrer et à encourager l'élargissement du dialogue national interlibyen et la concertation avec toutes les parties sur la scène libyenne, notamment celles qui exercent réellement une influence certaine dans la vie politique, économique, sociale et sécuritaire au niveau national en vue d'aboutir à un large consensus, en mesure de recueillir la plus grande adhésion possible de l'ensemble des acteurs et sensibilités de la société libyenne", a déclaré d'emblée le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine (UA) et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, repris par l'APS. "Il n'y a point d'alternative à la solution politique fondée sur le dialogue inclusif interlibyen - à l'exception des groupes terroristes listés par les Nations Unies", a-t-il insisté, soulignant la nécessité pour l'Organisation onusienne d'accompagner ce dialogue en vue de permettre à la Libye de juguler la crise qu'elle connaît depuis 2011. "L'absence ou le retard dans le règlement de la crise en Libye servent directement le seul agenda du terrorisme et ses connexions liées au crime organisé et à toutes les formes de trafic transfrontalier, en particulier le trafic de drogue, le trafic d'armes, le recrutement de combattants terroristes étrangers et l'immigration illégale et qui constituent dans leur ensemble une menace à la paix et à la stabilité, non seulement de la Libye mais aussi de tous ses voisins, ouvrant ainsi la voie au chaos et à la fragmentation", a-t-il encore déclaré. M. Messahel a, en outre, fait prévaloir "le sens de responsabilité des Libyens, de dialogue et de réconciliation nationale sans exclusion aucune, grâce à la mutualisation des efforts de tous au service d'un agenda unique, s'inscrire dans une démarche nationale consensuelle capable de prévenir et d'éviter à la Libye les périls de division et de déstabilisation". Mais dans le contexte actuel, ce vœu de voir les Libyens se réconcilier bute sur le rejet du gouvernement d'union nationale (GNA), issu de l'accord de Skhirat du 17 décembre 2015, de la part du gouvernement parallèle de Tobrouk. Le processus de paix est également contrarié par la volte-face des membres de l'autre gouvernement non reconnu de Tripoli qui s'est remis en fonction depuis une semaine, sous la conduite des politiques et des milices regroupés au sein de la coalition islamiste Fajr Libya. Lundi soir, le Premier ministre du gouvernement de Tobrouk, Abdellah al-Theni, a affirmé s'être entretenu à Malte, il y a trois mois, avec l'autre Premier ministre du gouvernement parallèle de Tripoli, Abou al-Gheith, dans la perspective de former un seul Exécutif, estimant que le GNA ne les représente pas et ne répond pas aux attentes des Libyens. Mardi, des experts représentant plusieurs institutions se sont réunies à Niamey, lors d'une rencontre préparatoire pour celle d'hier, pour un état des lieux, mais pour émettre également des propositions susceptibles de mettre fin à cinq ans années de chaos en Libye. "Les événements de cette semaine (attaques terroristes au Niger, ndlr) ne sont pas de nature à faciliter la formation d'un gouvernement permanent qui est d'une importance capitale pour la Libye et pour nous en tant que pays voisins", a déclaré Boubakar Adamou, diplomate nigérien, cité par un média local Le Sahel. En effet, l'instabilité en Libye, mais aussi dans les pays voisins, a des répercussions négatives sur l'ensemble des pays de la région. Lyès Menacer