Lors de leur avancée, les forces alliées au gouvernement d'union ont bénéficié, depuis le 1er août, du soutien aérien de l'aviation américaine. Les Etats-Unis ont également apporté leur assistance aux troupes loyalistes. A Syrte, ville natale de l'ancien dirigeant libyen Mouammar El Gueddafi, les forces alliées au Gouvernement d'union nationale (GNA) sont sur le point d'en finir avec le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). Depuis 2015, l'EI avait fait de cette localité l'une de ses principales bases en Libye. Fortes d'un millier d'hommes, les unités du GNA ont lancé hier une offensive de grande envergure pour «nettoyer» les dernières poches de Daech. Les éléments du groupe terroriste se sont retranchés dans deux quartiers. Cette offensive a été présentée par Tripoli comme une «opération décisive» pour le contrôle total de cette ville, située sur la côte méditerranéenne. Selon le capitaine de vaisseau Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, l'opération ne sera pas une sinécure. D'après lui, il reste désormais «moins de 200 combattants» de l'EI à Syrte et qui vendront chèrement leur peau, car ils sont acculés. «Il va y avoir des combats difficiles», mais «il n'y aura plus d'EI à Syrte d'ici peu», a-t-il affirmé. Particulièrement coûteuse en vies humaines (400 soldats loya-listes tués et 2500 autres blessés), la reprise de la majorité des quartiers de la ville de Syrte des griffes de Daech aura duré quatre longs mois. Lors de leur avancée, les forces alliées au GNA ont bénéficié, depuis le 1er août, du soutien aérien de l'aviation américaine. Les Etats-Unis ont également apporté leur assistance aux troupes loyalistes. Depuis le début de l'opération, l'armée américaine a procédé à 108 frappes avec des drones, avions ou hélicoptères. L'Administration américaine n'exclut pas de continuer les opérations contre l'EI en Libye après la libération de Syrte. Cela si le GNA en fait la demande. «C'est une possibilité» même si «nous n'avons pas vu beaucoup d'autres endroits» en Libye où l'EI tente de s'implanter, a néanmoins déclaré jeudi un officier du Commandement des forces américaines en Afrique (Africom). La reprise annoncée de Syrte par le GNA est un sérieux revers pour Daech au Maghreb. Réconciliation nationale Au plan politique, Fayez El Sarraj mettra certainement à profit cette importante victoire militaire pour tenter de ressouder les Libyens autour du Gouvernement d'union nationale. La tâche ne sera cependant pas aisée dans la mesure où le Parlement de Tobrouk refuse encore de reconnaître son Exé-cutif. Un gouverment pourtant soutenu par la communauté internationale. A ce propos, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, de passage hier à Alger, a souligné «l'importance pour les Libyens de s'asseoir autour d'une table et d'avoir un cadre pour discuter de la question de la réconciliation nationale». De son côté, le ministre algérien chargé des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a annoncé la tenue d'une réunion de dialogue politique libyen dans les prochains jours à Tripoli. A l'occasion, M. Messahel a affirmé avoir réitéré, lors de cet entretien, la position de l'Algérie concernant le dossier libyen, à savoir «l'urgence et l'importance» d'aller vers la mise en œuvre de l'accord du 17 décembre 2015 et que la question libyenne est d'abord une affaire des Libyens eux-mêmes. «Nous sommes en contact avec tous nos partenaires en Libye pour que le dialogue interlibyen inclusif puisse accélérer la mise en œuvre de cet accord qui a été difficilement et patiemment conclu», a-t-il dit. M. Messahel a annoncé, en outre, la tenue prochaine de réunions sur le dossier libyen à New York, notamment «pour amener la communauté internationale à s'impliquer davantage afin d'accompagner la Libye dans ce processus, soit à travers les Nations unies ou les pays membres du Conseil de sécurité». «La situation est complexe, mais il y a des chances d'aller de l'avant vers la mise en œuvre des engagements pris par tous les acteurs dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord du 17 décembre 2015», a-t-il conclu. M. Messahel n'a pas tort de souligner la complexité de la situation. Les luttes pour le leadership et la guerre sourde pour le contrôle du pétrole sapent effectivement pour le moment tout projet de réconciliation nationale, surtout que Tripoli et Tobrouk semblent avoir des agendas différents. Pourtant, pour la stabilité de la Libye et du Maghreb, un smig d'entente doit très vite être trouvé.