La catastrophique perte de la biodiversité de la planète, y compris dans les espèces modifiées, depuis la révolution industrielle et le changement radical des méthodes de production dans l'agriculture est surtout une préoccupation majeure des scientifiques. Le discours prononcé par Abdelkader Ouali, le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement (MREE) à l'ouverture de la Conférence nationale sur la présentation de la stratégie et du Plan d'actions nationaux de la biodiversité, SPANB 2016-2020, organisée par le MREE avec la collaboration du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) est axé sur les dispositions administratives et juridiques déjà mises en place par notre pays dans le domaine. Il s'est félicité de l'avancée de l'Algérie en termes de protection de l'environnement en déclarant : "L'Algérie est parmi les rares pays ayant procédé à la constitutionnalisation du droit à l'environnement" (article 68 de la Constitution révisée) et par "le renforcement de l'arsenal législatif en matière de biodiversité ainsi que la mise en place de nouvelles institutions à l'instar du Centre national de développement des ressources biologiques". En termes de réalisation, il a ajouté qu'"un important programme a été consenti par l'Algérie par l'augmentation des parcs urbains et citadins, le placement de plusieurs zones humides et la protection des aires protégées d'importance nationale et internationale". La catastrophique perte de la biodiversité de la planète, y compris dans les espèces modifiées, depuis la révolution industrielle et le changement radical des méthodes de production dans l'agriculture est surtout une préoccupation majeure des scientifiques. Si elle n'est pas atténuée, cette régression risque, tout simplement, de compromettre toute notion de développement durable. C'est ainsi que la question est devenue, depuis les années 1990, une notion incontournable de l'écologie et de la protection de l'environnement. Dans les faits, les stratégies de préservation de la biodiversité se heurtent aux activités économiques. Mme Randa Aboul-Hosn, représentante du Pnud a, ainsi, indiqué lors de son allocution que "l'objectif principal de ce projet (SPANB 2016-2020) était d'intégrer les engagements de l'Algérie vis-à-vis de la Convention sur la diversité biologique (CBD) dans ses programmes nationaux de planification du développement dans le cadre d'une approche multisectorielle, grâce à une planification en matière de diversité biologique et l'élaboration d'une stratégie nationale actualisée". Notons que les représentants de plusieurs secteurs d'activité ont pris part à cette réunion (ministère de Agriculture, du développement Rural et de la Pêche, le ministère de la Culture, le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, le ministère de l'Energie, le ministère de l'Industrie et des Mines, le ministère des Finances, le ministère de l'Habitat de l'Urbanisme et de la Ville, le ministère des Travaux publics, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministère de l'Education nationale, le ministère de la Communication, le ministère des Affaires étrangères, le ministère du Commerce, le ministère de la Santé ainsi que des associations nationales et locales et des ONG). Cela démontre la transversalité et la complexité dans l'approche de la problématique. L'urgence, c'est la préservation de la biodiversité La notion de biodiversité, c'est l'ensemble des formes de vie sur terre. Tous les efforts entrepris partout dans le monde depuis les années 90 ne sont pas couronnés de succès car jusque-là, les territoires sont vus comme des entités aux ressources inépuisables. Chez nous la situation est encore plus dramatique car tous les secteurs considèrent qu'il doivent réaliser leurs objectifs à tout prix ; pour résorber la crise de logement, il faut dégager (déclassés souvent) des assiettes de terrain dans l'urgence et évacuer la question de l'efficacité énergétique des bâtiments, ouvrir une autoroute passe avant la préservation des zones écologiquement sensibles... sans compter toutes les aberrations dans la production agropastorale notamment en matière de semences. C'est la raison pour laquelle l'objet est d'inscrire dans l'intersectorialité, ce qui peut encore être sauvé en se gardant de se féliciter car même sur le plan de la législation nationale, la ratification de textes internationaux où la consécration constitutionnelle sont certes importantes mais souvent elles sont le prélude à l'évacuation du débat alors que l'objet est de traduire la préoccupation dans la vie institutionnelle de tous les jours. En 2016, à l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité, le 22 mai, le professeur Kheloufi Benabdeli de l'Université de Bel-Abbès recense quelques dégâts chez nous : "Bétonnage de 10 000 ha de terres agricoles ou forestières par an, 30 000 ha de formations forestières partent en fumée, 300 ha par an pour enfouir nos déchets, 50 000 ha de terres agricoles déclassifiées depuis 2010, en 1962 le ration SAU/habt était de 0,75 ha, il n'est que de 0,25 ha en 2000 et 0,17 en 2020, COV[composants organiques volatils] rejeté par le transport: 8 000 T/jr, CO2 : 25 000 T/jr, on importe 15 à 20 millions de quintaux de céréales par an, le ratio espace vert est inférieur à 1 alors qu'il doit être de 10, introduction d'espèces en dehors de leur habitat (espaces verts, reboisement, arboriculture..." La préservation de la biodiversité ne se mesure pas au nombre de parcs ou d'espaces verts même s'ils sont vitaux pour la santé et un meilleur cadre de vie. Sans compter qu'on est très loin de la norme, tant que l'on ne définit pas un seuil de perturbation (de la biodiversité) au-delà duquel on ne peut aller dans la réalisation d'un projet, les documents institutionnels qui traitent de la préservation de la biodiversité resteront de la littérature. R. S.