Près d'une centaine de civils ont été tués en deux mois d'agression de l'armée turque dans le nord de la Syrie, sous le couvert de lutte contre le groupe Etat islamique (EI/Daech), a annoncé hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès des autorités turques au sujet de ce bilan fourni par l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre, mais Ankara a par le passé réfuté de telles accusations. L'armée turque, alliée à des rebelles syriens, a lancé le 24 août une vaste offensive militaire baptisée "Bouclier de l'Euphrate" pour chasser de la frontière syro-turque les terroristes de l'EI mais surtout les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple kurde (YPG). "L'OSDH a pu documenter la mort de 96 civils, dont 22 enfants, entre le 24 août et le 24 octobre, dans des tirs d'artillerie de l'armée et des frappes de l'aviation turque", selon l'OSDH. Les rebelles syriens impliqués dans l'offensive combattent au sol tandis que l'armée turque participe avec des frappes aériennes et des tirs d'artillerie, principalement depuis son territoire, selon l'OSDH. Son directeur Rami Abdel Rahmane a précisé que "92 civils, en majorité des Kurdes", avaient été tués dans les régions contrôlées par l'EI et quatre dans les régions contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde. Considérés comme des "terroristes" par Ankara, les résistants kurdes sont à la pointe de la lutte contre l'EI en Syrie. Le gouvernement turc souhaite empêcher la constitution d'une région autonome kurde dans le nord de la Syrie, à sa frontière. Il considère également les YPG comme étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en rébellion sur le territoire turc depuis plus de 30 ans. R. I./Agences