La compagnie nationale ne peut plus fonctionner avec les mauvais payeurs. Des solutions plus ou moins radicales risquent d'être prises. Les administrations et organismes publics sont de mauvais payeurs. Ils détiennent la grande partie des créances à Sonelgaz. Devant ce manque à gagner qui grève ses plans d'investissement, le fournisseur d'énergie a décidé de hausser le ton, de passer de l'appel à la compréhension de ses abonnés à des mesures radicales. Deux options sont ainsi retenues : couper le courant comme cela a été fait pour certaines APC, à l'exemple récemment de celle de Tamanrasset, ou saisir carrément la justice. Bien des institutions pourraient se retrouver bientôt dans le "noir". Boumerdès : APC, police et santé consomment sans payer La société de distribution de l'électricité et du gaz de Boumerdès est confrontée à un problème qui entrave sérieusement son bon fonctionnement et son programme d'investissement. Il s'agit, selon le responsable de cette direction, de créances qui s'élèvent à plus de 1 890 millions de dinars. Selon un communiqué remis à la presse signé par le directeur de la distribution, la plus grosse créance est celle des APC qui s'élève à plus de 360 millions de dinars, suit la facture des services de sécurité qui s'élève à quelque 150 millions de dinars, la santé se place en troisième position avec 39 millions de dinars de dette. Les directions de wilaya sont aussi de mauvais payeurs puisqu'elles cumulent une dette de 35 millions de dinars, les services des eaux doivent également à Sonelgaz 27 millions alors que pour les Télécoms, les dettes ont atteint 17 millions de dinars. Et devant cette situation financière alarmante, la direction locale de Sonelgaz compte prendre les mesures nécessaires et réglementaires et menace de couper l'alimentation en énergie électrique aux abonnés n'ayant pas honoré leurs créances. Comme elle menace de recourir à des poursuites judiciaires contre les mauvais payeurs. Selon le directeur de distribution de Boumerdès, ses services déploient tous les moyens nécessaires afin de recouvrer ces créances. "Nous avons mobilisé plusieurs équipes et agents au niveau de nos agences commerciales qui restent ouvertes de 8h à 16h30, y compris le samedi, pour permettre aux clients de s'acquitter de leur dû et d'éviter tout désagrément qui pourrait être causé par la coupure", a-t-il indiqué. 27 milliards à recouvrer à El-Bayadh Les services de Sonelgaz de la wilaya d'El-Bayadh procèdent, ces jours-ci, à une large campagne de sensibilisation pour recouvrer ses créances estimées à plus de 27 milliards de centimes. Des mises en demeure ont été adressées aux abonnés et des échéanciers de paiement ont été proposés afin d'éviter les tribunaux. Les administrations publiques détiennent, à elles seules, plus de 19 milliards, dont 42% sont par les seules APC, alors que le reste est réparti à travers la population des 22 communes de la wilaya. Cependant, et en cas de non-paiement dans les délais impartis, des mesures coercitives sont prévues, à commencer par la résiliation de tous les abonnements avant les poursuites judiciaires. À l'Ouest, Sonelgaz court derrière son argent Comme toute entreprise économique soucieuse de ses finances en ces temps difficiles, Sonelgaz tente par tous les moyens de recouvrer ses créances évaluées, selon son P-DG, Mustapha Guitouni, à quelque 64 milliards de dinars. À Mostaganem où il a récemment effectué une visite de travail, le responsable de l'ex-EGA a réaffirmé sa volonté de récupérer cette dette — dont 55% sont détenues par le secteur public — mais a exclu toute augmentation de la facture d'électricité. Sur le total de ces créances, la wilaya d'Oran est redevable de 1,5 milliard de dinars, selon les chiffres rendus publics l'été passé par la direction de distribution de l'Ouest. Et ce qui n'arrange en rien la société d'électricité et de gaz, c'est que le phénomène de piratage accentue les pertes subies : au premier trimestre de cette année, le préjudice subi a été estimé à 25 milliards de centimes, soit un taux de 24%. L'année dernière, les pertes ont été évaluées à 92 milliards de centimes. Pour amener les clients à honorer leurs dettes, une campagne de sensibilisation a été conduite auprès des abonnés avant que la mesure de coupure de courant ne frappe les récalcitrants, y compris l'administration et les sociétés en retard de paiement. À Mostaganem, le montant des créances détenues par Sonelgaz est évalué à 100 milliards de centimes ; et comme partout ailleurs, c'est l'administration publique, principalement les APC, qui semble détenir la palme du mauvais payeur. Tout comme El-Bayadh où 19 milliards de centimes, sur un total de 27 milliards de créances, sont détenus par les APC. À Aïn Témouchent, en revanche, Sonelgaz court derrière 26 milliards de centimes détenus majoritairement par les clients ordinaires. Sonelgaz le répète à l'envi : une fois récupéré, cet argent servira au financement des projets d'investissement et, plutôt que d'augmenter la facture d'électricité (ce qui serait une très mauvaise idée pour les ménages), elle s'échine à récupérer des dettes presque oubliées en raison de l'ivresse générée par l'embellie financière. Aujourd'hui, l'ex-EGA se trouve dans l'obligation de montrer les dents pour amener les abonnés à honorer leurs dettes. Quitte à les traîner devant la justice.
Sétif : 40 des 60 APC ne sont pas solvables Les créances de la direction de distribution d'électricité et de gaz - concession de Sétif - ont atteint plus de 655 milliards de centimes, à savoir 488 milliards pour la consommation et 167 milliards pour les travaux. Selon Mme Bourakba Sabah, la chargée de communication de ladite direction, 40 des 60 APC de la wilaya de Sétif ne sont pas solvables à l'égard de la direction relevant de la SDE (Société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est). Notre interlocutrice a tenu à préciser également que 20% des créances représentent les arriérés des travaux cumulés durant les dernières années et 80% sont les créances dues au non-paiement des factures de consommation. Par ailleurs, il est à souligner que d'autres mauvais payeurs détiennent une part importante des créances de Sonelgaz de Sétif qui est mieux lotie en matière de recouvrement des créances par rapport à d'autres directions relevant de la SDE, et ce, grâce au plan de recouvrement qui figure parmi les priorités des cadres de la direction. La Direction de l'urbanisme et de la construction, l'OPGI et l'ADE sont de mauvais payeurs contrairement à Algérie Télécom qui vient d'honorer ses engagements, juste après le lancement du plan de recouvrement au mois de mai écoulé. Cette stratégie a servi d'exemple aux autres sociétés de distribution du pays. Les APC cumulent une ardoise de 20 milliards à Annaba À Annaba, l'opération "Tahssil" de recouvrement des créances que la Société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est (SDE), filiale du groupe Sonelgaz, détient auprès des collectivités locales et des entreprises publiques et privées de cette wilaya, suit son cours et semble avoir été couronnée de succès, si l'on en croit la responsable de la cellule de communication de cette entreprise. Selon cette source, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, qui s'accorde la part la plus importante de ces créances avec une dette de 80 milliards de centimes, en a déjà remboursé 30 au 30 septembre dernier et ses responsables s'attelleraient au strict respect de l'échéancier que la SDE leur a accordé. Les 12 communes que compte la wilaya d'Annaba cumulent, quant à elles, près de 20 milliards de centimes, dont près du tiers a été recouvré, assure-t-on dans le cadre de ladite opération. 60 milliards à Guelma L'agence SDE de la wilaya de Guelma est déterminée à récupérer ses créances qui s'élèvent à plus de 60 milliards de centimes à fin septembre 2016. La responsable du service de recouvrement nous apprend que les 34 APC de la wilaya détiennent plus de 100 millions de dinars de créances et ce sont notamment celles de Bouchegouf, d'Aïn Makhlouf, de Hammam N'baïls qui sont les plus endettées sachant que celle de Guelma vient de s'acquitter d'une facture de plus de 25 millions de dinars. Selon cette responsable, les abonnés ordinaires FSM, facturés sur mémoire, totalisent plus de 180 millions de dinars de créances, ceux des administrations étatiques 116 millions de dinars, le secteur économique moyenne tension est redevable de 222 millions de dinars, des administrations moyenne tension accumulent 67 millions de dinars. Les services de la SDE procéderont aux coupures d'énergie électrique et de gaz naturel dès le 31 octobre 2016 aux mauvais payeurs, notamment les APC, les résidences universitaires et autres grands abonnés qui ont été destinataires de plusieurs avertissements. Par ailleurs, la chargée de la cellule de communication de la SDE nous signale que l'ADE (Algérienne des eaux) et l'Onid (Office national d'irrigation et de drainage) sont toujours redevables respectivement de 22 et 15,5 millions de dinars et un calendrier a permis à l'ADE de régler plus rationnellement ses lourdes factures. De toute évidence, la direction de la SDE recourt à tous les moyens légaux pour récupérer ses créances et le service du contentieux a soit réglé à l'amiable les litiges, soit recouru à l'assignation en justice à l'encontre des abonnés récalcitrants. N. Zerrouki/A. Moussa/S. Ould Ali/F. SENOUSSAOUI/A.ALLIA/H. BAALI