Le royaume du Maroc est l'un des pays éclaboussés par le scandale qui a éclaté en République démocratique du Congo, suite aux enquêtes menées de mai à septembre 2004 et qui avaient révélé “des violences sexuelles” commises par des soldats de la mission onusienne de maintien de la paix. À la mi-février, un communiqué de la mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) publié à Kinshasa, faisant état de la satisfaction des responsables de la Mission suite à “la décision des autorités marocaines d'engager des poursuites judiciaires contre six de ses soldats”. Deux jours auparavant, soit le 12 février, la Mission permanente du Royaume du Maroc auprès des Nations unies avait annoncé que les autorités de Rabat avaient déjà “relevé le commandant du contingent marocain de la Monuc et son adjoint” et que “sur les dix-sept militaires du contingent convoqués dans le cadre de l'enquête (…), quatre ont été identifiés par deux victimes” et ont été “mis aux arrêts” en attendant d'être “poursuivis en justice”. Le communiqué de la Mission permanente du Royaume auprès de l'ONU ajoutait que, dans le cadre d'une autre enquête ouverte suite à “une seconde plainte”, deux autres soldats du contingent marocain “ont été reconnus par une victime” et qu'ils ont également été “mis aux arrêts” et seront “poursuivis”. Les plaintes qui ont abouti à ces révélations ont été le fait d'associations féminines qui s'étaient appuyées sur les témoignages de centaines de filles mineures pour alerter les autorités congolaises. La presse locale avait, également, grandement contribué à l'éclatement de ce scandale. Plusieurs articles avaient diffusé des informations selon lesquelles “des membres de la Monuc se rendaient régulièrement coupables de violences et d'abus sexuels sur des femmes et des jeunes filles congolaises dont l'âge ne dépasse pas 13 ou 14 ans”. Ce sont donc, au total, six membres du contingent marocain en RDC qui sont concernés par ce scandale. L'ONU a déjà enquêté sur 72 cas présumés d'abus sexuels, qui auraient principalement été commis par le personnel militaire de la Monuc. L'enquête a conduit à en retenir 20 comme étant “suffisamment étayés”. L'un de ces vingt dossiers concerne un employé français actuellement en détention provisoire en France après avoir été mis en examen pour “agression sexuelle sur une mineure”. Les dix-neuf autres cas impliquent des soldats de la Monuc originaires d'Uruguay, du Pakistan, du Népal, du Maroc, de Tunisie et d'Afrique du Sud. Environ 47 pays fournissent des troupes à la Monuc. Un rapport interne de l'ONU, daté du mois de janvier dernier, indiquait que des Casques bleus avaient eu des relations sexuelles avec des jeunes filles congolaises en échange d'œufs, de lait ou de petites sommes d'argent de l'ordre parfois d'un dollar seulement. La Monuc compte environ 15 000 hommes en RDC où elle s'est déployée en 2001 pour assurer la sécurité des populations et promouvoir la stabilité. C'est actuellement la plus importante mission onusienne de maintien de la paix dans le monde. F. L.