Un contingent marocain, composé de 732 soldats et basé à Bouaké, a été suspendu par l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), en raison de la gravité des allégations et à la suite d'une enquête diligentée sur plusieurs cas d'exploitation et d'abus sexuels sur mineures. Après un premier communiqué diffusé sur le site officiel de l'ONU annonçant simplement “une enquête interne (...) sur des cas d'exploitation et d'abus sexuels commis par un contingent”, sans en préciser la nationalité, les Nations unies ont annoncé samedi la suspension de “toutes les activités” d'un contingent marocain basé à Bouaké suite à des “allégations” de plusieurs cas d'exploitation et d'abus sexuels. Plus explicite, ce communiqué indique que “le contingent marocain en service au sein de l'Onuci a été suspendu suite à des allégations de nombreux cas de relations sexuelles que certains de ses éléments auraient entretenues avec des mineures à Bouaké”. Affirmant : “Le Bureau du contrôle interne des Nations unies, basé à New York, est actuellement en train d'approfondir l'enquête”, la même source précise : “La décision a été prise le vendredi 20 juillet 2007 par le siège des Nations unies en raison de la gravité des allégations et à la suite d'une enquête menée par l'Onuci.” Outre la suspension de toutes les activités du contingent, l'Onuci a également ordonné le cantonnement des soldats marocains dans leur base, sur la base que cette “mesure est conforme à la politique de tolérance zéro des Nations unies en ce qui concerne l'exploitation et les abus sexuels”. Il s'agit de la première enquête interne de l'ONU sur des cas d'abus sexuels depuis le déploiement de l'Onuci en Côte d'Ivoire en 2003 dans le cadre de l'opération de maintien de la paix dans ce pays. Pour information, le contingent marocain est le deuxième de l'Onuci en effectifs, après celui du Bangladesh. Par ailleurs, l'ONU a déployé environ 8 000 Casques bleus, qui sont appuyés par environ 3 000 soldats français de l'opération Licorne, constituant les “forces impartiales” déployées en Côte d'Ivoire pour veiller au respect du cessez-le-feu entre le Sud gouvernemental et le Nord contrôlé par la rébellion des Forces nouvelles. En outre, cette affaire n'est pas la première du genre pour les missions de l'Organisation des Nations unies, notamment sur le continent africain, où des cas similaires, en Erythrée, au Burundi, au Soudan, au Liberia et surtout en République démocratique du Congo (RDC), où les Casques bleus sont déployés depuis 2001. Entre décembre 2004 et août 2006, au moins 140 cas d'allégations sur des abus d'exploitation sexuelle impliquant du personnel de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), avaient été répertoriés, selon cette organisation. En effet, la justice marocaine avait engagé des poursuites contre six soldats marocains de la Monuc impliqués dans des violences sexuelles sur mineures. Depuis le 10 février 2005, la Monuc a interdit à ses soldats toute relation sexuelle avec des Congolaises. K. ABDELKAMEL