Résumé : Le message retrouvé sous la porte a été peut-être envoyé par un farceur. Narimène était sceptique. Mais Racim savait qu'on ne s'amusait pas avec de tels détails. L'affaire était trop sérieuse. D'autres messages vont sûrement leur parvenir. En attendant, ils continuèrent leurs recherches sur la plage. Telle une somnambule, Narimène suivait son mari. Elle avait les yeux rouges et enflés, des cernes s'étaient formés sous ses paupières inférieures, et son teint pâle et cireux renseignait sur son anxiété. Elle ne voulait même pas imaginer que son fils n'était peut-être plus de ce monde. Rien qu'à cette pensée, elle se sentait glacée jusqu'aux os. Racim garde sa main dans la sienne, et il se mirent à marcher au bord de l'eau sans but précis. Peut-être retrouveront-ils au gré du hasard un indice. Au bout de quelques heures, ils décidèrent de rentrer. Ils étaient épuisés, effondrés et malheureux. Racim reprend son paquet de cigarettes et se remet à fumer sans interruption. Narimène se remet à pleurer. Elle aurait voulu contacter ses parents ou sa belle-mère, mais son mari l'en avait empêchée. Pourquoi alarmer la famille alors qu'on n'était encore sûr de rien ? Certes, Choukri a disparu, mais il était encore trop tôt pour ameuter les proches. Ces derniers vont à coup sûr débarquer chez eux sans attendre, et cela ne fera que les gêner dans leurs perspectives. Pour le moment, ils ont besoin de calme pour se concentrer et ordonner leurs idées. Narimène s'était rallongée sur le sofa en entortillant son mouchoir. Elle tentait de se rassurer en se disant que ce qu'elle était en train de vivre n'était qu'un cauchemar, et qu'elle allait se réveiller et tout oublier. Pourtant la sonnerie du téléphone la ramène à l'amère réalité. Elle était bien là, éveillée et consciente, et son cauchemar était bien réel. Choukri avait disparu. Elle avait entendu la sonnerie du téléphone fixe. Oui. c'était ça ! Quelqu'un venait d'appeler. Elle bondit sur ses pieds. Racim parlait. Un échange de mots et d'éclats de voix. Qui pouvait-il être ? Elle s'approche tremblotante de son mari, qui écrasait sa énième cigarette dans un cendrier tout en continuant à discuter. Avec qui ? Il lui lance un regard et hoche la tête. Les kidnappeurs de son fils demandaient-ils quelque chose ? Racim discutait à bâtons rompus. Il vociférait et criait. La communication est coupée, et il se laisse tomber sur un siège en portant la main à son visage. -C'était qui ? demande Narimène. Il lève les yeux vers elle comme s'il venait de se rendre compte de sa présence : -C'était lui, mumure-t-il. -Lui ? Tu... tu veux dire celui qui a pris en otage mon fils ? -Notre fils. -Hein ? C'était l'homme qui a kidnappé Choukri et tu le laisses filer sans demander ton reste. Racim se lève d'un bond : -Cesse de dire des sottises, Narimène, où je ne serais plus responsable de mes actes. -Hein... tu... tu... Racim se rassoit. L'angoisse et le stress le rendaient fou. Il ne savait plus quoi faire. Ce coup de fil n'avait fait qu'attiser son anxiété. -Désolé ma chérie mais comprends-moi, je n'ai laissé filer personne. Un homme vient d'appeler pour nous confirmer que Choukri est bien vivant, mais que nous devrions verser une forte somme si on veut le retrouver. -Et alors ? Donnons-lui tout l'argent qu'il demande. Racim secoue la tête : -Pas encore. Il veut d'abord s'assurer que nous n'avons pas déposé plainte. -Et qu'as-tu répondu ? -Je lui ai demandé de m'indiquer où il se trouvait pour lui remettre la somme qu'il voulait, mais il a raccroché. Tu m'as bien entendu crier et vociférer. -Oui. Je... Oh ! Racim... Comment a-t-il pu avoir le numéro du fixe. -Je n'en sais rien. C'est quelqu'un qui est, à n'en pas douter, bien renseigné. -Et Choukri ? Tu lui a demandé des nouvelles de Choukri ? -Il m'a dit qu'il dormait. Il va nous rappeler pour plus de précisions. Il voulait s'assurer que nous allons lui remettre la somme demandée sans lui chercher noise. Narimène soupire : -A-t-il donné un montant ? -Pas encore... La jeune femme ferme les yeux et pousse un long soupir de lassitude. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, et se sentait défaillir de minute en minute. -Va te reposer Narimène. Je vais rester là devant le téléphone pour répondre à la première sonnerie. -Me reposer ? Tu fabules mon chéri. Tu fabules. Mon fils est quelque part dans la nature et tu me parles de repos ? Je ne pourrai fermer l'œil jusqu'à ce que Choukri revienne parmi nous. (À suivre) Y. H.