Résumé : Le couple Narimène et Racim nageait dans le bonheur. Les affaires marchaient bien et le petit Choukri qui allait sur ses trois ans les comblait. C'est l'été. Ils louèrent un cottage au bord de la mer pour passer quelques jours de vacances. Racim allait renouer avec les mots croisés et Narimène avec sa rime. La jeune femme hausse les épaules. Après tout, ils étaient en vacances, et chacun occupera son temps à sa guise. Elle s'assure que son fils joue sagement au bord de l'eau, puis allume son ordinateur portable et se met tout de suite à aligner quelques vers qui lui passent par la tête. Dans un endroit aussi féerique, elle n'eut aucun mal à retrouver son inspiration. La vie est une vague Qui emporte les âmes Elle vient et s'en va Pour narguer le destin Ici et là. La noria du temps Qui tourne, qui roule Qui fuit, qui sème et laisse Des traces visibles dans les rêves Et les saisons pleines. Elle s'arrête pour relire ses vers, puis poursuit. La vie m'a offert Les fleurs de la chance Elle m'a bercé dans son giron M'a sourit pour que je danse Au rythme d'un air mondain. Elle jette un coup d'œil à son mari, toujours concentré sur son journal, et continue. Si le bonheur a tapé à ma porte C'est que quelque part Il m'a choisie pour m'offrir Les joies de ce monde J'ai oublié le passé Car mon présent est heureux Et le futur est un songe lointain. Soudain, elle se rappelle son fils et se relève promptement. Le garçon n'était plus en vue. -Choukri ! Racim relève la tête de son journal. -Choukri ? Elle hoche la tête et se met à courir vers le bord de la mer. -Il était là. Il jouait dans l'eau. Racim bondit. -Tu es une inconsciente. Je pensais que tu avais un œil sur lui. -C'est le cas. Je te le jure. -Alors où est-il ? Narimène ne respirait plus. Son teint vire au violet et elle perd connaissance. Racim la retient de justesse puis la laisse choir sur le sable, avant de prendre une bouteille d'eau pour lui en asperger le visage. Elle remue ses lèvres puis ouvre les yeux. -Racim. Choukri s'est noyé. -Arrête de dire des sottises, il s'est éloigné pour aller jouer plus loin, nous allons le retrouver. Il l'aide à se relever, puis scrute les alentours. Quelques maîtres nageurs surveillaient les lieux. Si l'enfant s'était noyé, ils l'auraient sûrement vu. Mais rien n'était sûr. Pour en avoir le cœur net, il s'approche de l'un d'eux et demande d'une voix tremblante : -Vous n'auriez pas vu un enfant ? Un garçon de trois ans. Il jouait au bord de l'eau et nous craignons qu'il ne soit emporté par la mer. Narimène, plus morte que vive, avait suivi son mari et attendait tel un criminel sa condamnation. Pourtant, le maître nageur était formel. -Non. Le petit garçon qui jouait au bord de l'eau n'a pas été emporté par les eaux, je l'aurais vu, parce que j'étais juste en face de lui. Il était tellement mignon dans son petit maillot. Narimène porte une main à son cœur. -Dieu soit loué. -Ne vous inquiétez pas madame, je l'ai vu trotter sur ses petites jambes pour rejoindre un petit groupe d'enfants qui jouaient au ballon, non loin de là. -Où çà ?, demande Racim. -Juste à côté de votre cottage. Là, devant la barrière. (À suivre) Y. H.