L'organisation autoproclamée Etat islamique en Irak et en Syrie semble avoir trouvé le Sahel comme nouveau terrain pour perpétuer son action terroriste et assurer surtout sa survie. Les pays de la sous-région de l'Afrique du Nord et du Sahel avaient de quoi s'inquiéter ces derniers mois quant à leur sécurité et leur stabilité. La raison de cette inquiétude vient de l'implantation officiellement de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) dans la bande sahélo-saharienne, allongeant ainsi la liste des mouvements terroristes, qui ont transformé la zone un en véritable sanctuaire pour le terrorisme islamiste international. Dans une vidéo diffusée par l'agence Amaq, l'organe de propagande de Daech, Abou Walid al-Sahraoui a confirmé son allégeance au mouvement d'Abu Bakr al-Baghdadi. Il avait déjà prêté serment pour Daech, mais peu avaient cru en cela, y compris parmi des experts du terrorisme et des responsables militaires qui ont écarté toute éventualité d'une implantation de Daech dans le Sahel. Ces derniers avaient justifié leurs analyses par la présence d'autres groupes terroristes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont les dirigeants avaient ouvertement rejeté toute alliance avec l'Etat islamique, le considérant comme un mouvement criminel qui salit l'image de l'islam au nom duquel tous ces groupes ont pris les armes pour semer la terreur et déstabiliser de nombreux pays. Mais le revirement de cette organisation en Irak et en Syrie, ainsi que la défaite cinglante de sa branche libyenne à Syrte semblent avoir changé la donne. Aujourd'hui, le Sahel semble offrir un terrain propice pour Daech, afin d'assurer sa survie dans l'immédiat pour, ensuite, se relancer si l'instabilité politique dans les pays de la région demeure, comme cela est le cas au nord du Mali, où était basé Abou Walid al-Sahraoui. Ce chef terroriste avait rejoint les rangs du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), au début de la rébellion touarègue en 2012, avant d'intégrer Aqmi, sous le commandement du chef terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar, dont on a perdu toute trace depuis des mois. Mais il finira aussi par quitter Aqmi en mai 2015, annonçant dans la foulée son allégeance à Daech. Les récentes attaques contre un poste des douanes au Burkina Faso, en septembre, puis celle de la prison de Koutoukalé au Niger seraient l'œuvre de ce terroriste, selon certaines sources, citées par RFI. Abou Walid al-Sahraoui serait également derrière d'autres attaques non revendiquées dans le nord du Mali, où le retard mis dans la mise en œuvre de l'accord d'Alger avait laissé la voie libre au retour des groupes terroristes, considérés pourtant comme vaincus après l'intervention de l'armée française dans le cadre de l'opération Serval en 2013. La présence de Daech dans la région sahélo-saharienne, chose qui n'est certainement pas une surprise pour les services de renseignements des pays de la région, explique maintenant la multiplication des réunions bilatérales des cadres sécuritaires ou des organisations régionales. Cela explique aussi, en partie, cette ruée des capitales occidentales, à leur tête Washington, Paris et Berlin, pour installer des bases militaires au Niger, en les dotant d'importants moyens humains et matériels. Lyès Menacer