Des groupes de jeunes se sont joints à ces familles et ont fermé la route des deux côtés, obligeant la police à opérer des déviations vers la sortie de Draria et l'autoroute Est-Ouest, puis d'intervenir et de faire usage de gaz lacrymogènes. Près d'une vingtaine de familles ont fermé, hier, en début d'après-midi, la route dans la localité de Draria, sur les hauteurs d'Alger, pour demander à l'administration de surseoir à la décision de leur expulsion des carcasses de maisons qu'elles occupent depuis plusieurs années. Selon nos sources, ces carcasses dépendaient de la wilaya de Tipasa avant qu'elles ne soient versées, fin 1990, au Gouvernorat du Grand-Alger. De litige en litige, ces logements ont été vendus de particulier à particulier sans aucun papier. Attenantes à la cité des 617-Logements, située au centre-ville de Draria, ces bâtisses ont été occupées par ces familles, par ailleurs mises en demeure par l'administration locale. Recensées et informées de la décision de faire évacuer les lieux, ces familles ont alors occupé la chaussée et ont fermé la circulation automobile pour se faire entendre et revendiquer leur relogement. Pour éviter les débordements, l'administration a réquisitionné les services de la sûreté de daïra pour encadrer cette protestation qui a causé d'énormes embouteillages sur les routes menant vers El-Achour et Baba Hassen. Des représentants de la wilaya déléguée de Draria et des élus locaux se sont déplacés sur place pour tenter de dénouer la situation en expliquant aux familles mises en demeure la nécessité d'évacuer ces carcasses, alors qu'un important dispositif de sécurité a été déployé aux alentours de la cité des 617-Logements pour parer à toute éventualité. Vers 16h, des groupes de jeunes se sont joints à ces familles et ont fermé la route des deux côtés, obligeant la police à opérer des déviations vers la sortie de Draria et l'autoroute Est-Ouest. La tension est montée d'un cran quand des jeunes du quartier se sont attaqués aux policiers avec des signaux fumigènes et autres projectiles. C'est alors que les services de sécurité ont déployé un important dispositif antiémeute avant de faire usage de bombes lacrymogènes afin de repousser les assauts de ces dizaines de jeunes qui se sont solidarisés avec ces familles. À l'heure où nous mettons sous presse, on dénombre plusieurs arrestations parmi les protestataires. La circulation routière n'a pu être rétablie, vu que les familles concernées ont décidé d'occuper la chaussée et de rester sur place jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Selon notre source, "l'évacuation de ces familles des carcasses qu'elles occupent devrait intervenir aujourd'hui mardi ou, au plus tard, demain mercredi. Ces familles ont été informées de leur évacuation des lieux et la décision est irrévocable". FARID BELGACEM