L'implantation de ce complexe entraînera la mise à mort de cinq EAC d'une superficie globale de 40 ha spécialisées dans la production des agrumes. Les exploitants pointent un doigt accusateur vers la direction de l'agriculture d'Alger. Les représentants du domaine Djaâboub-Ahmed expliquent avec insistance qu'un autre site avait été désigné et n'ayant aucun préjudice sur les terres agricoles. Ce dernier se situe, selon eux, au lieu-dit DNC, ancien siège de l'une des plus importantes entreprises publiques des années 1970. En revanche, implanter ledit projet, comprenant un stade de football d'une capacité de 40 000 places, des salles omnisports, une piscine et une suite de commodités, signifierait la disparition desdites EAC et la mise au chômage de 39 familles qui y vivent. “Pourquoi donc ce changement, d'autant plus que le choix initial a été porté, lors de la visite du chef de l'Etat l'an dernier dans la wilaya d'Alger, sur le premier site cité ainsi que le lieu-dit Château, où sera construite l'Ecole nationale de football ?”, s'interrogent nos interlocuteurs. Il faut dire qu'en plus des EAC 1, 2, 4, 5 et 6 appelées Aïssa-Rehimi qui s'étendent sur 30 ha, un bien “waqf” d'une superficie de 9 ha est également visé par cette opération, ce qui constitue une violation flagrante à la loi. Parallèlement, la famille Gaïd Gacem, qui possède 18 ha sur ces mêmes terres, dénonce ce projet dans le sens où leurs biens sont touchés, sachant qu'une affaire traîne devant la justice à ce sujet depuis plusieurs années. Dans une lettre que les exploitants des EAC comptent adresser au président de la République, ils ne manquent pas d'attirer son attention que les surfaces agricoles utiles plantées de vergers en pleine production ont été enrichies par de multiples actions de développement dans le cadre du Fonds national de développement agricole (Fnda). Des actions estimées à plusieurs milliards de centimes. Outre l'empiètement qu'il provoque directement sur ces EAC, disent les plaignants, l'implantation d'une infrastructure d'une aussi grande envergure aura inévitablement des répercussions sur toutes les superficies environnantes, soit plus de 550 ha de terres agricoles. Il est vrai que ces plantations ne sauraient être à l'abri à l'issue de compétitions sportives, particulièrement les derbys et ce, compte tenu de la nature des EAC ainsi que de leur situation près d'un important axe routier. Les familles ne seront d'ailleurs pas les seules à subir les désagréments. Le centre pour handicapés et personnes âgées ne sera pas épargné. Neuf hectares de terres situés à proximité de ce centre seront engloutis par le projet en question augurant des journées et des nuits loin de tout repos aux pensionnaires. Si pour le moment, seul un relevé topographique du terrain a été fait par un bureau d'études basé à Oued Smar, il semblerait que le projet ne tardera pas à être lancé. Pour leur part, les exploitants sont dans l'expectative puisque les parties concernées, à savoir la subdivision de l'agriculture de Baraki, la direction de l'agriculture de la wilaya, la chambre agricole et le bureau de l'Unpa observent un silence énigmatique. Côté DJS, la première responsable a déclaré à un confrère que le choix du terrain n'est pas de son ressort mais celui de la commission présidée par le wali délégué de Baraki et regroupant les secteurs de l'urbanisme et construction et de l'équipement. Elle a précisé, par ailleurs, que des avis d'appel d'offres nationaux et internationaux concernant les études et la réalisation seront lancés d'ici peu. Cependant, selon la même source, la direction de l'agriculture de la wilaya d'Alger n'a pas rendu officielle l'implantation du projet, se contentant de donner trois sites (le château, le siège de l'ex-DNC et les lieux avoisinant le centre pour handicapés et personnes âgées de Sidi Moussa). Le directeur de l'agriculture cité par le confrère précise que “les grands projets de l'Etat ne peuvent être rejetés même s'ils sont prévus sur des terres agricoles”. Les exploitants ne veulent pas l'entendre de cette oreille. “Nous invitons les autorités compétentes à se rendre sur les lieux pour constater de visu que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces terres sont bien exploitées, en attendant les milliers d'arbres fruitiers donnant l'une des meilleures récoltes de la région”, concluent-ils. A. F.