Les patientes atteintes du cancer du sein sont pénalisées par la rupture de stock de ce produit indispensable à la poursuite de leur traitement. L'appel lancé depuis quelques jours par les oncologues pour l'approvisionnement en Herceptin (Trazumab princeps des laboratoires Roche) de leurs services respectifs est, visiblement, loin d'être pris au sérieux par les responsables de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), encore moins par les services du ministère de la Santé desquels n'émane, à présent, aucune réaction. Comme pour "calmer" les oncologues notamment les plus "exigeants", à l'instar du Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie du CPMC, les responsables de la PCH n'ont pas fait mieux que de fournir 200 boîtes de ce produit à ce seul service du CPMC. Une quantité que le Pr Bouzid juge trop insuffisante pour couvrir la demande de centaines, voire des milliers de patientes atteintes d'un cancer du sein. Le professeur explique que la quantité de 200 boîtes couvrirait à peine trois cures d'une soixantaine de malades, soit de quoi satisfaire une demande de seulement quelques 4 à 5 jours d'une infime partie des patientes traitées au CPMC. Le Pr Bouzid affirme que le produit sera épuisé "au plus tard mardi prochain". Et c'est la rupture qui se réinstallera de nouveau ! Le Pr Bouzid dit ne pas comprendre cette "austérité" d'autant plus que la PCH dispose d'un stock de "14 000 boîtes" et qu'elle s'apprête à en recevoir "16 000" autres très prochainement. "Pourquoi continue-t-on à prendre en otage des malades ?", s'interroge, désabusé, le Pr Bouzid, qui rappelle avoir personnellement signé un engagement pour l'approvisionnement de son service "en urgence", c'est-à-dire faire l'impasse sur les procédures de contrôle pour gagner du temps. Si le CPMC a eu ce "privilège" d'être approvisionné, même par cette quantité insuffisante de 200 boîtes d'Herceptin, le reste des centres anti-cancer du pays n'ont toujours pas reçu la moindre boîte de ce produit, princeps, que les responsables de la PCH voudraient, contre l'avis des praticiens, substituer aux deux biosimilaires, l'un importé d'Inde, CanMab, et l'autre, Hertraz, fabriqué par les laboratoires Maylan, des USA. Un choix auquel s'opposent, foncièrement, en effet, les oncologues qui refusent de prescrire ces biosimilaires pour les patientes ayant déjà commencé leur traitement par le médicament princeps, à savoir l'Herceptin. Comme nous l'avions déjà rapporté dans notre édition de jeudi, les oncologues, à leur tête le Pr Bouzid, expliquent leur position par le principe "d'interchangeabilité" qui est interdit par la réglementation dans plusieurs pays. Une réglementation que revendiquent depuis quelque temps, d'ailleurs, les oncologues algériens pour mettre fin à cette "confusion" que tentent d'exploiter les responsables de la PCH et, par extension, ceux du ministère de la Santé, pour "imposer" ces fameux biosimilaires dont même la fiabilité reste encore à confirmer. En optant pour le biosimilaire en lieu et place du médicament princeps, la PCH réduirait sa facture d'importation d'environ 30%. Sans vouloir défendre un quelconque opérateur et/ou lobby du médicament, le Pr Bouzid affirme que la PCH doit continuer à importer le Trazumab princeps des laboratoires Roche durant au minimum les dix années à venir, afin, souhaite-t-il, de permettre le traitement, notamment des cas métastatiques du cancer du sein. Le professeur sera-t-il entendu, cette fois ? Farid Abdeladim