Les chefs d'entreprise appréhendent les nouvelles taxes. Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, affirmait, dans une de ses déclarations récentes, qu'il n'y aurait pas de pression fiscale, estimant que l'augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée n'aurait pas d'effet "boule de neige" sur le consommateur algérien. Il a par ailleurs jugé "faible" la taxe sur la valeur ajoutée en Algérie, qui augmente de 2% dans le projet de loi de finances 2017 par rapport aux pays du Maghreb où elle varie entre "25%" et "30%". L'Etat puise en fait dans les trésoreries des entreprises "visibles", "identifiables" pour alimenter son budget. Et cela fait des déçus parmi les chefs d'entreprise. Les prélèvements fiscaux ne font que croître, et cela "pèserait lourdement" sur les activités des entreprises, relève un opérateur économique qui a préféré garder l'anonymat. Pour lui, l'exécutif cherche toujours de l'argent dans les trésoreries de sociétés aux adresses connues, en règle avec le fisc et la sécurité sociale, alors que des liquidités importantes sommeillent dans l'informel. Et, d'ajouter : "Les entreprises légalistes paient leurs impôts, gagent de l'argent et créent de la richesse, c'est tout à fait normal." Ce que nous souhaitons, dit-il, c'est qu'il y ait "équité" devant l'impôt, que "tout le monde s'y soit soumis." Et, que tout le monde déclare ses salariés. Tous les chefs d'entreprise, poursuit-il, vous diront qu'une pression fiscale élevée, conjuguée à une baisse du budget consacré aux équipements conduiront à un ralentissement de l'activité économique et de l'investissement. Lies Kerrar, expert financier et président de Humilis, estime, lui, que l'augmentation de la TVA a généralement un impact inflationniste, toute chose étant par ailleurs égale. La TVA, il faut d'abord la resituer dans le contexte actuel où d'autres variables, dont la monnaie nationale, entrent en jeu. L'expert rappelle qu'en 2016, le dinar est resté relativement stable par rapport au dollar et que les dépréciations les plus importantes ont été faites en 2015. Ce qui va se passer en 2017 à ce sujet aura, révèle-t-il, un effet déterminant sur l'inflation. Et, c'est un secret de polichinelle que la dépréciation du dinar sera en 2017 un des rares leviers de gestion des équilibres budgétaires et de notre balance de paiement, explique Lies Kerrar. Et de relativiser : "Ce qui peut un peu limiter l'effet d'augmentation des prix en cascade, c'est le caractère informel de beaucoup de circuits de distribution, puisqu'ils sont de fait défiscalisés, ces circuits seront moins sensibles à une hausse de la TVA." Pour autant, ajoute-t-il, le relèvement du taux de la TVA n'offre pas de solution à nos problèmes de déficit budgétaire qui soit soutenable à long terme. Notre véritable levier de recette fiscal, dit-t-il, c'est l'élargissement de l'assiette de la TVA. Lies kerrar présente un tableau fiscal pas reluisant. Aujourd'hui, souligne l'expert, on collecte la TVA sur une partie restreinte de l'économie. La TVA sur les importations représente une grande part. Cela ressemble à un tarif douanier. On ne peut imposer une grande partie de la valeur ajoutée local (principalement dans la distribution) car elle est informelle. Pour lui, le grand gisement fiscal est là. Le président de Humilis explique qu'il faut d'abord supprimer la TAP qui est un frein à la formalisation des circuits de distribution qui sont aujourd'hui informels et avoir ensuite un plan d'action complet et cohérent de formalisation. Naturellement, propose-t-il, cela serait accompagné par la mise en place d'une véritable taxe foncière, en pourcentage de la valeur du bien, qui est le seul moyen de financement des collectivités locales soutenable à long terme. Lies kerrar juge que maintenir la TAP, au lieu de mettre en place les outils nécessaire pour mettre en place une véritable taxe foncière risque de nous conduire à une impasse budgétaire. "Evidemment, pour mettre en place une véritable taxe foncière, il faut commencer par rendre public le registre des transactions immobilières, car c'est la seule façon d'établir des valeurs marchandes objectives des biens immobiliers. Y. S.