En ouverture de la 4e session criminelle 2016, le tribunal criminel près la cour d'Oran a jugé une affaire dans laquelle trois quadragénaires étaient accusés de constitution d'une cellule de recrutement de candidats au jihad à l'étranger, apologie de terrorisme et reproduction et diffusion de documents appelant au jihad. Selon l'arrêt de renvoi, les faits remontent à décembre 2015 lorsque B. Sid Ahmed, B. Noureddine, commerçants dans l'habillement, et O. Houari, factotum dans une école, sont interpellés par les services de police qui les soupçonnent d'avoir constitué une cellule pour recruter des combattants pour Daech en Syrie, de faire l'apologie du terrorisme et d'avoir même tenté de rallier la Syrie. À l'issue de son enquête, la police était parvenue à déterminer que B. Sid Ahmed et B. Noureddine s'étaient trouvés à Istanbul, en Turquie, à l'hiver 2015, avec l'intention de franchir la frontière syrienne, et que les documents "subversifs" trouvés dans leurs ordinateurs et cellulaires prouvaient leur qualité de "terroristes". Par ailleurs, Sid Ahmed avait déjà été impliqué dans deux affaires de terrorisme, ce qui a conforté les enquêteurs dans leur certitude et les a conduits à l'interpellation des trois suspects, O. Houari ayant été en lien avec les deux autres. Toujours selon l'acte d'accusation, les suspects ont reconnu les faits qui leur étaient reprochés lors des interrogatoires. Mais qu'ils se sont rétractés, par la suite, devant le juge d'instruction : "On ne leur a pas laissé la possibilité de lire les PV sur lesquels ils ont apposé leurs signatures. Les aveux portés sur les documents sont le fait de la police et non des suspects", ont affirmé les avocats de la défense. À la barre, les trois inculpés ont crié leur innocence en expliquant qu'ils n'avaient jamais l'intention de s'enrôler dans les rangs de Daech et que cette affaire est née du travail bâclé de la police : "Je suis allé à Istanbul pour m'approvisionner en habillement. Et si j'y suis parti via le Maroc, c'est juste parce que j'ai des origines marocaines et que j'ai fait le voyage à Casablanca avec mon père. D'ailleurs, ici comme au Maroc, j'ai pris des billets aller-retour", a affirmé Sid Ahmed en expliquant avoir été arrêté par la police turque dans le quartier commerçant Beyazit d'Istanbul lors d'une opération d'interpellations après un attentat à Ankara. Le même discours a été tenu par B. Noureddine qui avait retrouvé "par hasard" Sid Ahmed à Beyazit et a connu le même sort. Quant à O. Houari, il s'est dit étonné d'avoir été interpellé pour avoir "parlé à Noureddine dans une mosquée", conservé des vidéos des tueries de Daech et du régime syrien, et des livres religieux. Dans un réquisitoire, le ministère public a requis la peine de 20 ans de prison contre les inculpés. Après délibérations, la cour a décidé de désavouer l'accusation et de prononcer l'acquittement pour les trois innocents. S. Ould Ali