L'inhalation du monoxyde de carbone, émanant des appareils de chauffage non conformes et/ou mal installés, tue encore en Algérie. Une moyenne de 120 morts et 2 100 personnes secourues chaque année, malgré les campagnes de sensibilisation renouvelées chaque année. Le bilan établi par la Protection civile pour les neuf premiers mois de l'année en cours fait état de 79 morts et de 1 065 blessés. Ce qui constitue une preuve tangible que la politique de prévention que mènent, en aval, les autorités compétentes n'ont rien changé et les consommateurs n'ont pas encore atteint un niveau de prise de conscience à même d'obéir aux règles de sécurité. Car le vrai problème se situe en amont. Il concerne l'importation des produits électroménagers et électriques. Les Douanes algériennes saisissent, chaque année en moyenne, 1,2 million d'articles contrefaits, dont 3,37% sont des produits électriques et 0,3% des produits électroménagers. Parmi ces saisies, on retiendra une moyenne de 40 000 appareils de chauffage contrefaits et destinés au marché algérien. Importés de la Chine, via la filière de Dubaï, ces produits causent des dégâts énormes dans les foyers algériens. Selon les constats et les rapports d'enquête des services de la Protection civile et des services de sécurité, "la majorité des décès par asphyxie causés par des gaz sont dus à une erreur de prévention en matière de sécurité, la mauvaise ou le manque de ventilation, la non-conformité des équipements de chauffage, le mauvais montage et l'installation de ces équipements par un personnel non qualifié". À ce propos, les témoignages se rejoignent pour dire que "la non-conformité des équipements de chauffage, le mauvais montage et la mise en œuvre de ces équipements par un personnel non qualifié sont la cause principale des défaillances de ces appareils". Des appareils qu'on qualifie de "tueurs silencieux", souvent non homologués par les services compétents et qui sont frauduleusement introduits sur le territoire national. Lors de son passage à la Radio nationale, un spécialiste de la prévention contre la contrefaçon a indiqué que "la majorité des appareils introduits sur le marché algérien ne répondent pas aux normes. En termes de poids du produit, c'est quasiment la moitié de ce que pèse le produit fabriqué localement, alors que les deux produits répondent aux mêmes critères de fabrication et de montage". À titre illustratif, l'enquête menée en 2014-2015 par les services de contrôle du ministère du Commerce sur les appareils de chauffage à gaz a révélé que, sur un échantillon de 160 appareils de chauffage, 155 unités ne répondent à aucune norme de sécurité. On citera, entre autres, des appareils importés et d'autres produits fabriqués localement sans aucun savoir-faire, encore moins un transfert de technologies afin de parer à l'irréparable. Pour faire face à cette situation dramatique, les services de la Protection civile, les directions de la santé et les services de Sonelgaz viennent de lancer plusieurs campagnes de sensibilisation. Ainsi, une caravane devra sillonner, jusqu'au mois d'avril 2017, les 13 daïras d'Alger, alors que le coup d'envoi d'une campagne nationale a été donné depuis la wilaya de Bouira. FARID BELGACEM