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Le monoxyde de carbone décime chaque année des dizaines de familles
Qui importe ces appareils de la mort ?
Publié dans Liberté le 11 - 02 - 2014

Le scénario se répète chaque année, donnant cette impression que le pays est frappé par une véritable fatalité. Les chauffages et chauffe-eau défectueux déciment des familles entières. Récemment encore, le monoxyde de carbone a coûté la vie à deux personnes à Sétif, portant le nombre de morts à 9 depuis début janvier.
Depuis le début du froid, il n'y a pas un jour où les services de la Protection civile ne font pas état de mort de citoyens par le monoxyde de carbone. Le phénomène prend des proportions alarmantes. Selon un bilan de la Protection civile, depuis le début du mois d'octobre à la mi-janvier, ce sont 60 personnes qui ont péri suite à l'inhalation de monoxyde de carbone et 247 personnes incommodées par le gaz. Un bilan lourd. En effet, du 1er janvier au 24 décembre 2013, les services de la Protection civile ont enregistré 218 morts à travers le territoire national. Plus de 1700 personnes ont été victimes d'inhalation du gaz de monoxyde de carbone (CO). Durant la même période, les agents de la Protection civile ont effectué 31 interventions durant lesquelles 74 personnes ont été secourues et transportées aux différents établissements hospitaliers.
De leur côté, les services de contrôle au niveau des frontières ont interdit d'entrée, durant les années 2012 et 2013, près de 154 000 appareils de chauffage. Selon le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, les services de contrôle ont effectué durant la même période près de 1800 interventions qui ont conduit à la saisie de 154 000 appareils de chauffage contrefaits.
Devant l'ampleur que prend le phénomène et le nombre croissant de morts et des personnes incommodées par le monoxyde carbone, les interventions des autorités concernées demeurent insuffisantes, malgré les opérations de sensibilisation menées par Sonelgaz, notamment à Sétif où le phénomène est des plus dévastateurs. Ceci d'une part. D'autre part, le ministère du Commerce, qui a annoncé avoir saisi, donc par voie de conséquence évité la commercialisation des appareils contrefaits, n'a pas donné d'indications sur l'identité des importateurs qui semblent bénéficier d'une certaine impunité.
Qui sont les importateurs ? Que font les services des douanes ? Y a-t-il une filière informelle d'importation ?
Les importateurs... de vrais fantômes
Tentant de réunir davantage d'informations sur les importateurs de chauffages contrefaits ou ne répondant pas aux normes de sécurité, une virée à El-Hamiz, "la mecque" des appareils électroménagers, s'est imposée. Un véritable marché où toutes les bourses sont servies. Du produit local aux marques importées, les consommateurs ont l'embarras du choix. Mais lorsque la vie en dépend, le choix devient très problématique.
Mercredi 8 janvier, malgré le froid, le soleil est au rendez-vous. Nous nous sommes rendus sur place pour essayer de comprendre les critères d'achat des appareils de chauffage et d'avoir plus d'informations sur l'identité des importateurs. A première vue, les lieux semblent désertés. Contrairement à la coutume, le calme règne sur le marché. Plus de vendeurs que d'acheteurs. Dans le premier magasin que nous choisissons comme repère, une famille venue de Djelfa négocie avec le vendeur l'achat d'un chauffage. La femme est encore hésitante sur le modèle alors que son époux est déjà à la conclusion de la transaction. La dame nous demande notre avis : "Comment trouvez-vous ce modèle ?" La discussion s'emballe. "Nous avons entendu qu'ici les appareils sont vendus moins cher qu'ailleurs. Ce qui nous a motivés à venir à El-Hamiz", ajoute-t-elle. Alors que les négociations se poursuivent sur le choix du modèle, nous demandons à l'époux ce qui a motivé sa décision. Ce dernier nous dira que le design de l'appareil lui plaît et qu'il ira très bien à l'entrée de sa maison. Ce fut ensuite le tour du propriétaire du magasin. On lui demande alors l'origine de l'appareil. Il nous explique que le chauffage est d'origine iranienne, mais les pièces sont italiennes. Mais le vendeur est incapable de dire l'identité de l'importateur. "L'entreprise qui importe ces chauffages se trouve à Bordj Bou-Arréridj", nous explique-t-il. Mais pour le nom et l'adresse exacts, il dit qu'il n'est au courant de rien.
Même son de cloche chez les autres vendeurs qui proposent des produits locaux et des produits d'importation. Bien que les détaillants proposent différentes marques, ils sont tous d'accord sur la fiabilité des chauffages made in Algeria. "Nous ne pouvons pas imposer au consommateur tel ou tel modèle, mais nous les conseillons à chaque fois d'acheter les produits locaux", souligne Samir, un vendeur d'électroménager à El-Hamiz. Si les vendeurs conseillent les chauffages fabriqués en Algérie à cause de la visibilité du fabricant, ils sont également rassurés sur le service après-vente. "Le produit fabriqué en Algérie présente au moins certains avantages, comme la disponibilité de la pièce de rechange ainsi que la garantie, contrairement aux appareils importés." D'autres gérants de magasins d'électroménager avancent les mêmes arguments, tout en déplorant que cette année les chauffages n'ont pas la cote, vu que les ventes ont sensiblement baissé. "Les différentes campagnes de sensibilisation que nous voyons la télévision poussent les gens à être réfractaires à l'acquisition de tels appareils", font-ils savoir. Si certains insistent sur le produit local, c'est qu'ils sont conscients des dégâts provoqués par les chauffages importés.
L'opacité est totale sur l'identité des importateurs de ces appareils qui causent chaque année la mort de centaines de personnes. Les revendeurs donnent des réponses évasives lorsqu'ils évitent de répondre carrément à la question. On dit ici que certains les achètent à l'ouest du pays, d'autres au Centre, mais il reste difficile de localiser les endroits où sont stockés ces appareils.
Les douanes : "Les importateurs louent des registres du commerce pour échapper au contrôle"
Tentant d'en savoir davantage, nous nous sommes rapprochés de la direction générale des Douanes algériennes. Yacine Taneme, chargé de communication, nous fait savoir que les importateurs de la contrefaçon sont très prudents. "Les importateurs de ce genre d'appareils ne se montrent jamais. Ils ont un procédé bien ficelé", relate M. Taneme. Selon ce dernier, les fraudeurs proposent à un jeune ou à une personne âgée une somme d'argent dérisoire pour louer des registres du commerce à leur nom afin d'introduire leurs produits contrefaits. "Si la fraude est avérée, les contrebandiers ne sont pas inquiétés", précise-t-il.
Les importateurs peu scrupuleux semblent être bien organisés pour continuer leurs business sans être inquiétés. Le citoyen continue d'acheter des appareils dont il n'a aucune information et qui risquent de lui coûter la vie. Face à un tel danger, que font les pouvoirs publics afin de stopper les "meurtriers" ?
Le ministère du Commerce s'organise
Plus de 154 000 chauffages saisis au niveau des frontières. Un nombre important mais qui demeure dérisoire face à l'ampleur du drame puisque chaque jour des Algériens meurent à cause de chauffage défectueux. Le chargé de communication des Douanes algériennes affirme, dans ce cadre, que le contrôle des chauffages importés est pris en charge par le ministère du Commerce. "Quand une cargaison de chauffage arrive en Algérie, nous la bloquons puis appelons la direction de contrôle auprès du ministère du Commerce qui se charge de valider ou pas les appareils", ajoute M. Taneme.
Vu le danger que représentent ces appareils de la mort, le ministre du Commerce a affirmé de son côté que son secteur est "déterminé à éliminer ce type d'appareils du marché durant les deux prochaines années." Pour cela la tutelle préconise d'intensifier les opérations de contrôle de tous les appareils de chauffage ne comportant pas de dispositif d'évacuation des gaz brûlés.
Mustapha benbada a également laissé savoir que les produits importés sont soumis à un contrôle spécial au niveau de 50 inspections de contrôle réparties le long des frontières, y compris au niveau des ports secs et des zones et magasins sous-douanes.
Pour le premier responsable du secteur, ce système de contrôle vise à s'assurer de la conformité des produits importés aux normes requises et aux standards internationaux en vigueur.
De son côté la Protection civile a mis en place une campagne de sensibilisation sur les risques domestiques, accidents de la route et le risque sismique. La campagne, qui durera du 28 janvier au 7 février 2014, sillonnera plusieurs wilayas du pays.
Bien qu'ils soient la principale cause, les chauffages contrefaits ne sont pas la seule raison de la mort de dizaines d'Algériens. Les asphyxies sont également provoquées par la mauvaise aération, la non-conformité des appareils aux normes internationales, ainsi que l'installation des équipements par un personnel non qualifié.
D. S.
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