Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali
Pour expliquer les décès par asphyxie au monoxyde de carbone enregistrés par dizaine en Algérie (plus de 150 l'année dernière contre 187 en 2011), les services de la Protection civile évoquent «des erreurs de prévention en matière de sécurité» qui, en général, ont pour origine «la mauvaise ou le manque de ventilation, la non-conformité des équipements de chauffage, le mauvais montage et la mise en œuvre de ces équipements par un personnel non qualifié». Si les causes peuvent être attribuées en grande partie aux consommateurs qui ne sont peut-être pas suffisamment regardants sur la qualité des produits qu'ils achètent, il en est autrement de la «non-conformité des équipements de chauffage» qui, elle, renvoie à la présence sur le marché de produits contrefaits importés, qui ont réussi à passer à travers les mailles des dispositifs de contrôle aux frontières, censés protéger les consommateurs contre les dangers de la contrefaçon. Donc, à la responsabilité des Douanes algériennes qui n'arrivent pas encore à faire barrage à l'entrée massive des produits contrefaits malgré les efforts annoncés en matière de formation du personnel et l'acquisition de matériels de pointe. Et si l'importation de produits vestimentaires d'imitation de Chine ou d'ailleurs ne prête pas à des conséquences dramatiques immédiates (encore que beaucoup avertissent contre les dangers qu'ils font planer sur la santé), la commercialisation de produits électroménagers contrefaits, qui appellent l'utilisation du gaz ou de l'électricité, est une franche mise en danger de la population. A ce titre, la responsabilité des Douanes algériennes est engagée, deux des missions qui leur sont dévolues étant de garantir «la protection du consommateur en veillant à ce que les produits de consommation non alimentaires et les produits domestiques soient soumis au contrôle de conformité aux normes de fabrication et de sécurité» et d'assurer «la sécurité des personnes et des biens en participant à la recherche des marchandises prohibées, dangereuses pour la santé ou l'environnement». La responsabilité du ministère du Commerce est également engagée puisque ses services, chargés notamment de traquer la contrefaçon, n'arrivent pas à protéger les consommateurs des dangers du faux. Les appareils de chauffage «théoriquement» interdits, à la fois parce qu'ils ne répondent pas aux normes de sécurité et sont à l'origine de plusieurs accidents mortels qui ont fait de nombreuses victimes, continuent ainsi, d'être proposés à la vente, y compris par des magasins ayant pignon sur rue, sans que les services de contrôle ne puissent réagir autrement que par des appels pathétiques à la vigilance. Comment espérer installer cette vigilance lorsque le marché est inondé de produits contrefaits (dans certains cas, tout est faux), que le consommateur n'a souvent aucun moyen de discerner le vrai du faux et que les «vraies» marchandises sont inaccessibles à la majorité des bourses ? Et comment espérer inculquer la notion de sécurité lorsque de nombreux professionnels, en l'occurrence les plombiers, sont des autodidactes travaillant le plus souvent au noir ? Le consommateur est, sans doute, condamnable lorsqu'il prend le risque d'installer au chauffage contrefait à l'intérieur même de sa chambre à coucher, mais les Douanes algériennes, le ministère du Commerce et, plus généralement, les pouvoirs publics sont les premiers responsables parce qu'ils ont permis l'importation de ce dangereux appareil et fermé les yeux sur sa commercialisation.