À défaut de s'entendre sur la définition du terrorisme, les participants ont admis que la mise en œuvre d'une démocratie réelle demeure le meilleur moyen de contrer ce fléau transnational. Phénomène dévastateur de par le monde, le terrorisme a divisé les invités à cette conférence quant à sa définition. En effet, les experts n'ont pu aboutir à un consensus sur cette question. Les tentatives ont achoppé sur le point de la situation prévalant actuellement au Proche-Orient. Nombre d'intervenants ont refusé que la confusion soit faite entre terrorisme et résistance, comme c'est le cas du peuple palestinien depuis de longues années. Le refus de faire l'amalgame entre résistance des peuples et terrorisme a empêché les deux cents experts, réunis dans la capitale ibérique, de parvenir à une approche à même de gagner l'adhésion de tous les présents. Il a été impossible d'arrêter une définition acceptée par tous. Toutefois, la proposition de l'expert américain, Phil Bobitt, définissant le terrorisme comme le fait de “porter atteinte directement à des civils et à des non combattants comme moyen de lutte politique qu'elle qu'en soit la justification”, a retenu l'attention. Cette divergence mise de côté, l'unanimité s'est dégagée pour priver d'arguments les groupes terroristes. L'Organisation des Nations unies est considérée comme le cadre institutionnel pour une réponse légale à ce fléau. L'ONU doit constituer l'instance à travers laquelle doivent passer les réponses adéquates au terrorisme. Elle est chargée de faire preuve de tolérance zéro. Partant de ce principe, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a prononcé un discours de clôture prônant une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, basée sur le respect total des droits de l'Homme dans tous les pays du monde. Ainsi, la politique prônée jusque-là pour répondre aux terroristes est revue de fond en comble si l'on se fie aux recommandations issues de ce sommet. Celles-ci prévoient le respect absolu des libertés civiques, des droits de l'Homme, notamment dans le cadre de la défense des suspects de terrorisme. Il doit être mis fin aux exécutions extrajudiciaires. Nous sommes aux antipodes de la philosophie pratiquée par les Etats-Unis à Guantanamo où les détenus sont privés de tous leurs droits. Incarcérés depuis plus de deux années, les prisonniers arrêtés en Afghanistan ne voient aucune perspective de jugement, ni avocats. En somme, c'est la légalité dans la lutte anti-terroriste qui est désormais recommandée. Il faut opposer des “réponses démocratiques au phénomène du terrorisme”, ont conclu nombre d'experts. Ceci étant, il est indispensable de renforcer la coopération policière et surtout les échanges d'informations et de renseignements afin que la lutte anti-terroriste puisse donner davantage de résultats. Les participants à la conférence de Madrid sont arrivés à la conclusion que les “régimes autoritaires constituent le terreau du terrorisme”. Ils ont surtout reconnu l'existence du “terrorisme d'Etat”. Il est enfin admis le rôle négatif joué par nombre de régimes dans l'émergence de ce phénomène dévastateur. Partant de là, il est à espérer que les recommandations de cette réunion soient prises en considération pour ne plus retomber dans les erreurs du passé. Reste à savoir comment l'ONU va pouvoir concrétiser cette nouvelle stratégie, qui nécessite l'adhésion de tous ses membres, particulièrement quand on sait que la majeure partie des régimes totalitaires sont des alliés des Etats-Unis et de certaines puissances européennes. K. A.