Bien avant son adoption, les Algériens ont déjà une idée sur la loi de finances 2017 dont ils commencent déjà à ressentir les effets, les commerçants ayant déjà mis en application les augmentations qui y sont prévues. Un échantillon de ces réactions à Oran et à Constantine. Les Oranais n'ont pas attendu l'adoption de la loi de finances 2017 par le Parlement pour exprimer leur indignation devant le nombre des augmentations portées par le texte. "On fait endosser aux Algériens le fourvoiement des autorités durant 15 années et leur mauvaise gestion, c'est inadmissible et indigne !", estime le consommateur qui, du reste, a déjà eu un aperçu de la flambée des prix des produits de large consommation, les commerçants s'étant empressés d'appliquer la hausse dès que les choses ont commencé à se gâter avec le recul des recette pétrolières. "Et les autorités ne sont même pas intervenues pour mettre un holà sous prétexte que les prix sont libres", se lamente-t-on encore. Pour les Oranais, l'impératif de sauver les équilibres budgétaires en affaiblissant le pouvoir d'achat est significatif de l'incompétence des dirigeants. "De 2000 à 2014, l'Algérie disposait de très importantes ressources financières et l'Etat aurait pu jeter les jalons d'une économie productive et créatrice d'emplois que l'on chante aujourd'hui. Malgré les appels des économistes et des analystes, les dirigeants ont fait la sourde oreille préférant la gestion populiste. Voilà le résultat...", déplore un universitaire en fustigeant cette imprévoyance coupable. De la ménagère à l'automobiliste en passant par les retraités, les malades et toute sorte de "profils", les Oranais interrogés sont unanimes à dénoncer la facilité avec laquelle les responsables ont préféré se tourner vers la population, au risque d'affaiblir son pouvoir d'achat, au lieu d'aller chercher l'argent "des transferts illégaux ou de la fraude fiscale". "Malheureusement, il est plus facile et moins risqué de taxer le pauvre contribuable plutôt que d'amener les responsables de cette faillite à rendre des comptes", s'étrangle cette mère de famille en affirmant ressentir les effets de l'augmentation des prix depuis quelques mois déjà. "C'est moi qui fais les courses et j'ai constaté que les prix ont sérieusement augmenté. Cela fait un petit moment que j'ai renoncé aux fruits et je me permets moins de viande. D'ailleurs, les commerçants nous rappellent à chaque fois qu'il faut se préparer à d'autres augmentations. Cela fait vraiment peur." 2017 est assurément l'année de toutes les peurs, de toutes les inquiétudes : inquiétude des effets sur le pouvoir d'achat des augmentations qui embrassent l'ensemble des produits de consommation, mais aussi peur de la réaction de la population. À Oran, la rue gronde et il n'est pas dit que l'application de la loi de finances 2017 passe sans encombre.
Pour les Constantinois, "elle mettra à rude épreuve le pouvoir d'achat" Pour beaucoup de Constantinois rencontrés dans la rue, "l'Etat tente, par cette loi, de récupérer ce qu'il a perdu, sur le dos des citoyens". Cette loi, qui, à l'évidence, mettra à rude épreuve "le pouvoir d'achat—déjà confisqué— des Algériens", nous dit-on. Pourtant, de nombreuses voix se sont élevées pour que cette loi ne soit pas adoptée par l'APN, en raison de l'augmentation des taxes et impôts. "Cette loi est venue pour achever le simple citoyen qui souffre déjà de la cherté de la vie", nous dit un citoyen rencontré, hier, dans la rue. "Ce pays leur appartient, il n'y a pas de place pour nous. Je ne comprends pas pourquoi toutes les nouvelles mesures d'austérité ne touchent que le simple citoyen ?", s'interroge un autre que nous avons interpellé au marché Ferando, au centre-ville. Les commerçants, quant à eux, déclinent toute responsabilité, quant à l'augmentation des prix des différents produits de consommation. "On n'y est pour rien ! Fruits, légumes et même les viandes, tous les prix de gros ont augmenté, ce qui nous oblige à procéder, nous aussi, à quelques augmentations", affirme un marchand de fruits et légumes rencontré sur les lieux. Un autre nous lance : "Ces augmentations doivent toucher tout le monde, pas seulement le simple citoyen. Pourquoi les députés et les hauts responsables ne diminuent-ils pas leurs salaires ?" Il conclura par une interrogation : "Cette loi de finances va-t-elle régler le problème ? Non. Pourra-t-elle nous sortir de la crise ? Non. Car ce sont toujours les mêmes qui sont à la tête du pays et il y aura toujours des... pour voler l'argent du peuple et nous plonger encore plus dans la misère." S. Ould Ali/I. BOUKHALFA