S'appuyant sur les aveux de l'accusé et rappelant son passé de gendarme comme étant une circonstance aggravante, le représentant du ministère public requerra la prison à perpétuité. Mercredi 23 novembre, Abdelkrim S. comparaît devant le tribunal criminel près la cour d'Oran. Né à Khemis-Miliana en 1992, il suit une scolarité moyenne qu'il ne mènera pas à son terme avant de sombrer aux plaisirs de la drogue, devenant très vite un accro qui ne pense plus qu'au kif. Il s'engage dans le corps de la Gendarmerie nationale, mais à 19 ans, Abdelkrim vit très mal l'éloignement de sa ville natale et ne supporte pas les multiples mutations qui le mènent un peu partout à travers le territoire national. De Tiaret à Cap Djenat, de Touggourt à Maghnia, Abdelkrim finit par déserter, quatre années après son incorporation. Il sera jugé par un tribunal militaire, condamné à deux ans avec sursis et exclu du corps de sécurité. Le désormais ex-garde-frontière retourne au domicile familiale mais bute sur la froideur de l'accueil, ses parents allant même jusqu'à le chasser. Sans travail ni repères, il est approché par deux hommes qu'il avait connus à Maghnia alors qu'il gardait les frontières. Boumédiène et Sid Ahmed sont deux narcotrafiquants qui lui proposent de les rejoindre et de mettre à leur service sa connaissance du terrain pour convoyer de la drogue à travers le territoire national. La proposition est alléchante à plus d'un titre : 15 000 DA pour chaque kilogramme transporté et, surtout, de pouvoir satisfaire à sa consommation personnelle. Pendant plusieurs mois, il effectuera plusieurs voyages avant cette nuit fatidique de juin 2015 au cours de laquelle il est interpellé par une patrouille de gendarmerie, sur l'autoroute Est-Ouest, à Oggaz, wilaya de Mascara. La fouille de la Peugeot 205 qu'il conduisait permettra aux gendarmes de découvrir plus de 43 kilogrammes de kif dissimulés dans le coffre. Il ne fera aucune difficulté à reconnaître les faits, donner tous les détails liés à son trafic et désigner ses deux complices qui feront l'objet d'un mandat d'arrêt. Tous les trois seront poursuivis pour possession, transport et revente de drogue en bande organisée. A la barre, il maintiendra ses aveux en regrettant de s'être laissé aller à la tentation de la drogue et de l'argent facile. Il reviendra sur ses liens avec Boumédiène et Sid Ahmed, qui sont toujours en fuite, et admettra les avoir connus du temps où il était à Maghnia. S'appuyant sur les aveux de l'accusé et rappelant son passé de gendarme comme étant une circonstance aggravante, le représentant du ministère public requerra la prison à perpétuité. Dans sa plaidoirie, la défense ne pourra que rappeler le passé difficile de l'accusé, la puissance de la tentation de l'argent facile pour le "gamin" qu'il était et sa situation de drogué pour implorer la cour de lui accorder les circonstances atténuante. Après délibérations, la cour consentira à accorder les circonstances atténuantes mais la gravité des faits l'emportant sur les circonstances, condamnera Abdelkrim à 20 ans de réclusion criminelle. S. Ould Ali