Le Sahel est devenu le sanctuaire des groupes terroristes, mais aussi du crime organisé dont les connexions avec le terrorisme transnational sont plus qu'évidentes. Cela inquiète les pays de la région et leurs voisins, dont l'Algérie qui partage une longue frontière avec certains d'entre eux. L'expansion du terrorisme, le phénomène des recrutements et celui du retour des combattants terroristes étrangers dans le Sahel inquiètent de plus en plus les pays de la région, mais aussi les pays voisins, à leur tête l'Algérie, a alerté, hier, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, au Palais des nations à Alger, à l'ouverture de la quatrième session du Forum global de lutte contre le terrorisme consacrée aux discussions sur le renforcement des capacités des pays de la région du Sahel. "Le rayon d'action des groupes terroristes s'est malheureusement élargi", malgré les "efforts et moyens humains et matériels consentis par les pays de la région pour l'endiguer et le supprimer", a affirmé d'emblée M. Messahel, expliquant que "le phénomène des recrutements, mais aussi des retours des zones de conflits, dont l'Irak, la Syrie, et également la Libye, des combattants terroristes étrangers connaît au Sahel aussi une montée en cadence". La recrudescence des violences terroristes dans le nord du Mali depuis quelques mois, la multiplication des attaques armées dans le nord-ouest du Niger et les prises d'otages enregistrées à Bamako, à Abidjan et à Ouagadougou illustrent parfaitement les propos de M. Messahel et justifient les craintes des Etats de la région. Mais cela n'était pas possible sans cette jonction entre le terrorisme et le crime organisé autour duquel s'affrontent aussi plusieurs groupes criminels. "Aujourd'hui, le crime organisé au Sahel prend différentes formes et s'investit dans un large éventail d'activités criminelles, dont les plus visibles restent le trafic de drogue et d'armes, la traite des êtres humains, les kidnappings contre rançon ainsi que la migration illégale", a rappelé le ministre dénonçant les intervention militaires étrangères "génératrices de chaos" et qui sont en partie à l'origine de l'aggravation de la situation sécuritaire dans le Sahel. Aussi, "ces réalités et les contraintes qu'elles imposent aux pays de la région sont aggravées par la persistance de l'occupation de territoires et le contrôle de populations par les groupes terroristes dans quelques zones limitées de certains pays sahéliens", a-t-il encore précisé. "Pour nous, la sécurité du Sahel est partie intégrante de la sécurité régionale et internationale", a insisté M. Messahel, affirmant qu'il s'agit là d'"un autre de ces nombreux défis qui interpellent non seulement les pays concernés, mais aussi l'ensemble de la communauté internationale". Une raison pour laquelle a été créé ce forum, dont la session d'hier a été coprésidée par l'Algérie et le Canada. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a affirmé, hier, que "le choix de la démocratie n'est pas une coquetterie, mais un choix stratégique pour l'Algérie". Sans la promotion de la démocratie, la lutte contre le terrorisme aura une portée limitée, a expliqué M. Messahel lors d'une conférence de presse organisée en marge de la quatrième session du Forum global de lutte contre le terrorisme au Palais des nations, à Alger. "Quand on veut lutter contre le terrorisme, le discours radical, l'exclusion et l'extrémisme violent, l'antidote c'est la démocratie", a-t-il expliqué. "L'action de l'Algérie ne se limite pas uniquement au soutien aux pays voisins dans la lutte antiterroriste, mais elle participe également dans la codification des pratiques que les Nations unies sont appelées à mettre en œuvre pour que la lutte soit une affaire de tous, à l'échelle globale et internationale", a ajouté M. Messahel qui a annoncé, dans la foulée, qu'un document sera présenté à l'ONU pour expliquer l'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme. Une conférence internationale aura lieu dès le printemps prochain à Alger et aura pour objet "le rôle de la réconciliation nationale" dans la lutte antiterroriste, a conclu Abdelkader Messahel. Lyès Menacer