Après une grève de trois jours, ponctuée d'un sit-in à Alger réprimé, l'intersyndicale se tourne vers l'hémicycle Zighoud-Youcef où a lieu aujourd'hui le vote du projet de loi sur la retraite. Les syndicalistes espèrent toujours un geste d'apaisement de la part du gouvernement. Deux députés, membres de la commission de la santé et des affaires sociales de l'Assemblée populaire nationale (APN), en l'occurrence Nadia Chouitem du Parti des travailleurs (PT), et Youcef Khebaba de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), ont alerté, hier, sur un possible revirement au sujet de la retraite après 32 ans de service. La députée du PT a souligné, dans un post sur sa page facebook, que "la commission sociale de l'APN a étudié les amendements en présence du ministre du Travail. Ce dernier s'est engagé à consulter le gouvernement sur la question du maintien du droit à la retraite à 32 ans d'activité sans condition d'âge. Il a promis d'annoncer la décision dans les heures suivantes, au plus tard mercredi. Il a parlé d'apaisement". Nous avons appris de la même source qu'El Ghazi avait d'abord évoqué la possibilité d'une application graduelle de la retraite sans condition d'âge. Plus clairement, il a proposé de commencer avec la retraite à 57 ans pour arriver trois ans plus tard à une retraite à 60 ans. Ce que la plupart des membres de la commission ont rejeté. C'est une fois cette proposition rejetée que le ministre a demandé à se retirer pour "consulter qui de droit". L'intersyndicale fonde un sérieux espoir que "le qui de droit" décide d'une bonne annonce pour les travailleurs. En tout état de cause et quel qu'en soit le résultat, l'intersyndicale "ne se résignera pas, ni ne baissera les bras, mais va continuer à lutter. Car, en plus du capital sympathie gagné auprès de pans entiers de la population, depuis le dernier sit-in réprimé, nous avons gagné au moins une organisation syndicale que, pour la première fois, le pouvoir n'a pas réussi à diviser. Des douze membres, aucun ne s'est retiré", indique un membre de l'intersyndicale. L'intersyndicale a estimé, d'ailleurs, dans un communiqué, hier, que la réussite des différentes actions de protestation qu'elle a menées depuis le 17 octobre dernier "traduit l'infini degré de conscience atteint par les travailleurs et l'entière responsabilité assumée pour la sauvegarde de leurs acquis". Aussi, tout en réitérant son attachement à ses revendications exprimées précédemment, elle fait porter au gouvernement l'entière responsabilité de l'impasse dans laquelle se trouve la situation. L'intersyndicale a, en revanche, réaffirmé sa disposition de s'asseoir à la table des négociations pour surmonter la crise et se dit prête à intensifier les moyens des mouvements de protestation légalement disponibles. L'intersyndicale a estimé le taux de suivi de la grève par les fonctionnaires des communes à 65%, les fonctionnaires de l'enseignement supérieur à 33,70%, les professeurs et le personnel de la formation professionnelle à 17%. Ce taux a atteint 12% chez les fonctionnaires du secteur du commerce, 56,20% chez les fonctionnaires de la santé, 67,70% chez les fonctionnaires de l'éducation nationale. La grève a été suivie également à raison de 60,50% par les praticiens de la santé publique, et 45% par les fonctionnaires de la formation professionnelle et enfin, par 10% au niveau du secteur de l'énergie et des mines, par les fonctionnaires de l'électricité et du gaz. Amar Rafa