Le rassemblement des soldats radiés de l'Armée nationale populaire (ANP), pour des raisons administratives ou des mesures disciplinaires, qui devait avoir lieu, hier, à Bouira, a été empêché par les forces de la Gendarmerie nationale. Ainsi, plus de 80 de ces anciens soldats et hauts gradés ont tenté, à deux reprises, d'organiser leur rassemblement, mais ils ont été aussitôt dispersés par les forces de l'ordre. La première tentative a eu lieu au niveau de la bretelle de l'autoroute Est-Ouest menant vers la ville de Bouira. Là, les forces anti-émeutes de la gendarmerie les attendaient de pied ferme. Il régnait une tension assez palpable entre ces "collègues" séparés par les aléas de la vie. "Vous êtes des militaires comme nous et vous savez ce que nous endurons. Laissez-nous manifester notre colère et crier notre désarroi", lancera un manifestant à la face d'un officier de la gendarmerie. Ce dernier lui rétorquera : "Tu sais comme moi que les ordres sont les ordres et je ne fais que les appliquer comme tu l'aurais fait à ma place." Après négociations, les manifestants se sont résolus à changer de direction en allant vers Lakhdaria, à 40 kilomètres à l'ouest de Bouira. Là encore, ils ont été empêchés par les forces de l'ordre qui ont utilisé la manière musclée pour les disperser. D'ailleurs, le correspondant d'une chaîne de télévision privée a été empêché de filmer la manifestation et a failli être embarqué par les gendarmes. Concernant les revendications de ces radiés, elles sont socioprofessionnelles et morales et elles ont été rappelées dans un communiqué rendu public et dont Liberté détient une copie. Ils exigent le droit à une "vie digne" et demandent des "réparations financières et morales" à la suite de leur radiation du corps. En effet, ces ex-militaires se disent victimes de "radiations arbitraires" et exhortent le ministère de la Défense à leur accorder "le droit à la retraite et à une prise en charge sociale et médicale, en plus des indemnisations depuis la date de leur radiation des rangs de l'ANP". Les contestataires exigent également "la réintégration des militaires de moins de 40 ans ainsi que le bénéfice de la prime spéciale pour leur participation à la lutte contre le terrorisme". Selon les chiffres communiqués par les animateurs du mouvement, 16 000 militaires, tous grades confondus, ont été rayés des rangs de l'ANP par "mesure disciplinaire" sans tenir compte ni de "leur ancienneté ni de leur engagement dans la lutte antiterroriste". "Nombre d'entre nous ont été radiés pour avoir mis une journée de retard avant de rejoindre leur caserne ou pour avoir déserté afin d'assister à des obsèques ou des mariages de proches ou d'amis. Ce sont des mesures disciplinaires injustes et arbitraires", dénoncera leur porte-parole. RAMDANE B.