Le patron du premier groupe privé algérien annonce un investissement d'un peu plus de 300 millions d'euros sur les sites de Sétif 1 et 2 d'ici à 2020. Le président du groupe Cevital, Issad Rebrab, a assuré, dans un long entretien accordé au quotidien économique français Les Echos, que son groupe ambitionne de faire de Brandt, sa filiale d'électroménager, un leader capable de concurrencer les géants mondiaux de la branche, à l'exemple de Whirlpool, de Bosch ou d'Electrolux. "Avec nos quatre marques Vedette, Brandt, Sauter et De Dietrich, nous voulons concurrencer des acteurs premium comme Whirlpool, Bosch ou Electrolux", a-t-il assuré dans une réponse à une question du journaliste qui lui demandait si par le biais du rachat de Brandt, l'objectif était de rivaliser avec le chinois Haier ou le turc Beko. Visiblement, le patron de Cevital veut faire comprendre que son ambition était bien plus grande que le simple rachat d'un groupe français, quand bien même il s'appellerait Brandt. D'après les projections de M. Rebrab, la branche électroménager de Cevital devrait, en effet, générer quelque 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires à l'horizon 2025, alors que le groupe dans sa globalité s'est tracé pour objectif de réaliser pas moins de 25 milliards de dollars de revenus, dont 50% à l'international, pour les mêmes échéances. "Si on veut être le numéro un, il est impératif d'investir dans les dernières technologies. Aujourd'hui, une main-d'œuvre ordinaire n'est pas compétitive en comparaison de ce que peuvent apporter les robots en termes de qualité et de coûts de production", affirme M. Rebrab, comme pour expliciter sa philosophie des affaires. Il y a seulement deux ans, personne, pourtant, ne donnait cher de la peau de la marque d'électroménager Brandt, en faillite, avant sa reprise par le groupe Cevital. Comment a-t-il réussi à la sauver ? "Il faut être présent dans un pays très compétitif et il faut investir dans la R&D et l'innovation. On ne peut pas s'en sortir sinon. Brandt a arrêté d'investir après la crise de 2008, ce qui lui a fait perdre des parts de marché. Lorsque nous avons repris l'entreprise, nous avons réinvesti dans la gamme, mais il faut dix-huit mois pour développer un nouveau produit. C'est pourquoi le redressement de l'entreprise prend du temps", confie M. Rebrab. L'avenir s'annonce visiblement très prometteur pour la société sauvée in extremis de la fermeture. "L'activité est repartie. Brandt va réaliser un chiffre d'affaires d'environ 500 millions d'euros cette année contre 370 millions en 2015 et 170 millions en 2014. Nous devrions être rentables l'an prochain si l'on exclut les coûts de structure", a annoncé M. Rebrab qui précise que son groupe "n'aurait pas réussi à redresser Brandt France sans investir fortement en Algérie". Le patron de Cevital, qui estime que "l'Algérie peut devenir l'atelier de l'Europe", plaide pour la "co-localisation", qui passe, explique-t-il, par "la fabrication des produits de haute qualité dans leurs pays d'origine et les produits très compétitifs dans des pays comme l'Algérie". "Les volumes générés permettent alors de réduire les coûts de la commercialisation. En jouant sur cette synergie, on peut constituer de grands groupes capables d'affronter la concurrence mondiale", soutient-il. Interrogé sur ses investissements dans l'électroménager en Algérie, M. Rebrab annonce que son groupe aura, d'ici à 2020, investi un peu plus de 300 millions d'euros sur les sites de Sétif 1 et 2. "Le premier emploie 1 050 personnes, le second, qui sera inauguré en 2017, aura 7 500 salariés. En 2020, Sétif 2 produira de 8 à 10 millions d'appareils électroménagers par an. Le site s'étendra sur 110 hectares, dont 50 hectares couverts. C'est le plus grand projet jamais réalisé dans la région. Avec cette production, nous livrerons le marché mondial", révèle le patron de Cevital. Concernant les activités de Cevital à l'international, M. Rebrab a expliqué que l'objectif d'une telle démarche était de "trouver de nouveaux leviers de croissance" afin d'aider l'Algérie "à diversifier son économie, sortir de la dépendance aux hydrocarbures". "Si le pays pouvait créer une centaine de Cevital, l'Algérie deviendrait alors un pays émergent", assure-t-il. Hamid Saïdani