La centaine d'élus nationaux présente à la salle El-Mouggar, sur les 500 que compte l'alliance, à été conviée à manifester son soutien aux projets de loi déposés au niveau des deux Chambres. Les trois chefs de ce qui est appelé communément “alliance présidentielle” se sont retrouvés hier pour la troisième fois depuis un mois. Au cours d'une rencontre parlementaire organisée à la salle de cinéma El-Mouggar, à quelques mètres des sièges des deux Chambres du Parlement, Belkhadem, Ouyahia et Soltani ont réuni leurs élus pour leur donner des consignes de vote sur des projets de loi soumis à l'examen et à l'adoption durant cette session du printemps. Cette réunion n'a pas suscité d'engouement puisqu'une centaine de parlementaires seulement étaient présents, alors que les trois formations comptabilisent près de cinq cents élus. Si l'on admet que la discipline règne au sein du RND et du MSP, fortement représentés dans la salle, il n'est pas évident que ce soit le cas pour l'ancien parti unique. Le secrétaire général du FLN, qui a hérité d'une composante choisie à la base par son prédécesseur, ne maîtrise pas ses troupes, car certains éléments savent que leur carrière s'est déjà arrêtée au lendemain du 8 avril et, par voie de conséquence, leur assiduité et discipline ne serviront à rien durant les prochaines échéances électorales. Aussi l'ordre du jour et la nature des consignes, connus d'avance, sont-ils pour beaucoup dans cette faible affluence alors que les organisateurs s'attendaient à un “mini-congrès” du Parlement pour impressionner l'opinion publique. La presse, qui a été conviée à couvrir les travaux de la rencontre d'hier, n'a eu droit qu'à un discours de langue de bois, comme d'habitude, lu sans conviction par le secrétaire général du FLN, délégué par ses pairs — fait nouveau et surprenant dans les mœurs de l'alliance. Alors que Belkhadem a exposé les projets de loi qui feront l'objet de vote durant cette session, Ouyahia a, quant lui, évoqué, selon certaines indiscrétions, l'importance du texte portant réforme des hydrocarbures. Tandis que le chef islamiste, Soltani en l'occurrence, est revenu dans son intervention sur la nécessité de faire passer les ordonnances portant code de la famille et celui de la nationalité. Un parfait partage des rôles entre les chefs des trois partis de l'alliance. Il reste que le parti du ministre des Affaires étrangères n'est pas satisfait du rôle et de la place qu'il occupe dans cette structure. Il veut régenter tout et tente d'accaparer tous les postes et espaces. Ses deux partenaires dans l'alliance font de la résistance et espèrent gagner du temps face à la tentation monopoliste du FLN. L'avenir de cette structure, qui reste une addition de sigles bâtis autour du programme du président de la République, dépend de la forme d'action, plutôt de réaction qu'adopteront les partis de Ouyahia et Soltani face à la tentation hégémonique de la formation de Belkhadem. Le programme du chef de l'Etat, qui a effacé ceux des partis qui le soutiennent, pourra-t-il aplanir, pour ne pas dire supprimer les divergences de vues, d'ambitions, de prétentions entre les trois “partenaires politiques” ? L'adhésion à la démarche de Bouteflika ne pourrait pas à tout point de vue rétablir les déséquilibres idéologiques et de représentativité qui existent entre ces formations et qui sont antérieurs à avril 1999. Les prochaines échéances électorales vont certainement départager ces frères ennemis, et elles consacreront le divorce entre les membres d'une alliance que rien, en réalité, ne réunit. À moins qu'il ne s'agisse d'un des épisodes de régénération du système sous une nouvelle forme adaptable aux exigences de la situation. M. A. O.