La rencontre devrait permettre la mise en place d'instruments de concertation entre le FLN, le RND et le MSP. Les choses n'ont finalement pas traîné depuis la célébration de l'anniversaire de la naissance de l'Alliance présidentielle, le 16 février dernier. En effet, un sommet de cette structure est attendu, apprend-on de sources partisanes, ce matin au siège du FLN. «Toutes les dispositions ont été prises afin que cette rencontre soit une totale réussite», nous ont indiqué hier, des sources partisanes rencontrées au siège national du premier parti du pays. Celles-ci ajoutent qu' «il est temps de mettre en place des instruments de concertation fiables afin que l'alliance puisse fonctionner de manière plus cohérente et pratique sur le terrain». Il est prévu, donc, dès la fin de ce sommet, la mise en place de structures qui auront pour tâche de dégager des positions communes et quasi immédiates autant de fois que nécessaires, à propos des questions importantes de l'heure. Déjà, il serait prévu de rendre public un communiqué dans lequel «un soutien sans condition sera apporté au projet présidentiel portant réconciliation nationale et amnistie générale». Les trois partis qui auraient pris tout le temps de se concerter longuement sur le sujet, auraient déjà convenu des grandes lignes du communiqué qu'ils comptent rendre public dès aujourd'hui, ce qui constituera une première dans les annales politiques algériennes. Il en serait de même pour la loi sur les hydrocarbures puisque les trois partis espèrent accorder leurs violons au niveau du Parlement afin de permettre l'adoption de cette loi sans le moindre amendement. Il s'agira pour les membres de l'alliance de dresser un véritable barrage contre les éventuels tirs croisés du PT et du mouvement El Islah, afin de prouver à tous que l'existence de cette structure, inédite dans la courte expérience démocratique partisane algérienne, ne se contente pas seulement des simples déclarations d'intention, mais va sur le terrain pour défendre les idées et idéaux qui sont ceux du président de la République, tels que définis dans son programme électoral. En revanche, l'alliance ne compte pas, dans l'immédiat, s'exprimer sur le projet de code de la famille. Le MSP, qui s'y oppose farouchement, aurait exigé de faire figurer dans le communiqué final les « réserves » qui sont les siennes par rapport à cette question. La pratique est assez courante chez ce parti, qui en avait fait de même lorsqu'il activait au sein de l'ex-groupe des 10+1 au début de l'année précédente. Bouguerra Soltani, en outre, ne rate aucune occasion, lors des conférences de presse animées de concert avec Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, de mettre en avant les spécificités de chacun, mais aussi l'autonomie de mouvement et d'analyse que garde chaque parti de cette alliance dans le cadre des activités et des programmes qui sont les siens. L'alliance aurait également l'intention de se pencher sur la discrète demande introduite par l'UDR d'en faire partie, à la recherche d'un maximum de garanties pour être inclus dans la prochaine équipe gouvernementale. Là encore, c'est le MSP qui s'y oppose très farouchement, estimant toujours qu' «il n'y a aucune donnée politique nouvelle qui peut justifier un élargissement de ce groupe à d'autres formations politiques». Mieux, le MSP, qui défend farouchement ses acquis au sein du gouvernement et du Parlement, encourage vivement les autres partis politiques à se regrouper afin que l'expérience de l'alliance serve d'émulation aux autres acteurs de la scène politique algérienne. Si les choses semblent aller pour le mieux entre les trois acteurs de cette alliance, il en va tout autrement dans les coulisses. Côté RND, des sources proches d'Ahmed Ouyahia en personne nous ont déclaré hier que «le prochain remaniement, qui épargnera à coup sûr, le poste de chef du gouvernement, touchera au contraire beaucoup de ministres du FLN, à propos desquels le président se serait montré très mécontent lors des audiences qu'il leur a accordées durant ces quelques mois passés». Le FLN, de son côté, se défend farouchement de ce genre d'accusations, estimant que «le président aura besoin de technocrates certes, mais qui soient également dotés de grandes qualités politiques, afin de pouvoir passer correctement l'ensemble des messages programmatiques du président, et d'appliquer correctement, sans embûches, l'intégralité de son programme». Nous apprenons, en outre, que le FLN compte en finir cette semaine avec le restant de ses procédures en finalisant l'étude de l'ensemble des recours introduits, avant de déposer le dossier auprès du ministère de l'Intérieur et d'introduire un recours devant la chambre administrative près le tribunal d'Alger afin que soient levés les gels dont ce parti est toujours légalement et juridiquement frappé. Une guerre sourde s'est ainsi faite jour entre les deux frères ennemis que sont le RND et le FLN, ce dernier ne désespère toujours pas de décrocher le poste de chef de gouvernement à la faveur du prochain remaniement gouvernemental. Avec des expressions à peine déguisées, le nouveau secrétaire général du FLN en personne a revendiqué ce poste à plusieurs reprises depuis que la crise de son parti a fini par être réglée et qu'il a entamé un grand redéploiement de ses structures à travers tout le territoire national. Le RND, sans en avoir véritablement l'air, opère de la même façon sous le couvert de la célébration de son 8e anniversaire, en organisant des meetings à travers toutes les wilayas du pays, mais aussi en programmant des rassemblements régionaux dans le but manifeste de battre le rappel de ses troupes, de faire de véritables démonstrations de force et de prouver à tous qu'il est capable de mener campagne en faveur du plan présidentiel et de l'appliquer aussi bien, sinon mieux, que le FLN. Le MSP, qui profite de cette situation dans laquelle le RND et le FLN risquent tout simplement de se neutraliser, espère en tirer le maximum de dividendes en n'excluant pas de hausser son quota de postes ministériels, surtout que son ministre, Amar Ghoul, a donné pleine satisfaction au président de la République.