Le plasticien Rachid Djemaï a marqué son retour aux galeries d'art, après plus de dix ans d'absence, par une exposition de peintures et sculptures, mettant en avant la beauté de la ville d'Alger noyée dans un environnement urbain, inaugurée vendredi à Alger. Intitulée "Alger, je te vois", cette nouvelle exposition de Rachid Djemaï, qui se tient à la galerie Seen Art jusqu'au 7 janvier, est une invitation à chercher la beauté dans l'environnement stressant, parfois hostile, d'une grande ville, en proposant des lucarnes puisées dans le quotidien de la capitale. Dans des œuvres intitulées Paysages urbains, La traversée ou Ouverture, l'artiste peintre capture, dans des acryliques, la beauté d'un paysage naturel algérois apaisant bordant des routes souvent encombrées et stressantes, comme dans l'œuvre d'un photographe. Avec une palette volontairement modeste, Rachid Djemaï propose également une série de quatre œuvres intitulées Encorbellement renvoyant de manière singulière à l'architecture de la Casbah d'Alger, sans pour autant reproduire cette vieille cité. Encorbellement propose des éléments architecturaux indépendants : façades, fenêtres, portes ou ruelles, sans en définir l'environnement, accentué par une touche, discrète, de couleur chaude. L'artiste qui a toujours exploré le haïk dans ses œuvres propose également une série d'une dizaine de peintures représentant des silhouettes drapées de ce voile blanc emblématique avec différentes touches de couleurs, parfois fantaisistes, et évoluant dans différents environnements. Son amour pour le haïk pousse Rachid Djemaï à explorer ce costume même dans sa matière dans une tentative de le sortir du tissu et présenter ces mêmes silhouettes dans une série de sculptures. Entre les mains du plasticien, la femme au haïk se décline en sculpture sur bois, sur plastique, sur métal, sur béton ou même sur une plaque de circuit imprimé, allusion à l'ère de l'informatique et la modernité. Le plasticien propose également des sculptures métalliques bordées de rubans lumineux et des figurines sur bois représentant toujours la femme au haïk. Né en 1947, Rachid Djemaï est diplômé de l'Ecole nationale des beaux-arts en 1969 avant de continuer ses études aux Etats-Unis. Il a pris part au chantier de l'embellissement de la ville d'Alger et à l'aménagement du Musée central de l'armée sous la direction de M'hammed Issiakhem. L'artiste a exposé dans plusieurs pays, à l'instar de la Chine, du Portugal et de la France, avant d'organiser plusieurs expositions dans son propre atelier. APS