Cette ONG réclame la création d'un représentant spécial pour la sécurité des journalistes, directement rattaché au secrétaire général des Nations unies. L'organisation non gouvernementale Reporter sans frontières (RSF) a qualifié, dans son classement mondial rendu public hier, de "difficile" la situation que vit la presse algérienne. Classée à la 129e place, l'Algérie a été, une fois encore, pointée du doigt par cette ONG. En effet, dans son classement, RSF a indiqué que l'Algérie a perdu 10 points par rapport à l'année 2015. Sans doute, l'emprisonnement de Mehdi Benaïssa, directeur de la chaîne de télévision KBC du groupe El Khabar, de Riyad Hartouf, directeur de production de l'émission "Nass-Stah", et de Mounia Nedjaï, directrice centrale au ministère de la Culture, poursuivis pour "fausses déclarations" et "abus de fonctions", et de Mohamed Tamalt, poursuivi pour "offense au président de la République", ont influé sur ce classement peu enviable de l'Algérie. Loin de la Tunisie (96e place), l'Algérie devance le Maroc, classé à la 131e place. Cela dit, le même rapport a été établi bien avant le décès de Mohamed Tamalt à l'hôpital en détenu. Ledit rapport a indiqué que le nombre de journalistes incarcérés ou détenus dans le monde a augmenté en 2016, une hausse liée notamment à la situation en Turquie où plus de 100 journalistes et collaborateurs de médias sont en prison. Déplorant la situation qui prévaut dans le monde des médias, RSF a révélé que ce chiffre a même bondi de 22%, voire quadruplé, en Turquie à la suite du putsch manqué de juillet. La part des femmes journalistes emprisonnées a plus que quadruplé cette année (21 contre 5 en 2015). "Ce qui témoigne de la féminisation du métier, mais surtout du désastre que traverse la Turquie, où un tiers d'entre elles sont détenues (...) Aux portes de l'Europe, une véritable chasse aux sorcières a jeté en prison des dizaines de journalistes et fait de la Turquie la plus grande prison pour la profession." Outre la Turquie, la Chine, l'Iran et l'Egypte concentrent, à eux seuls, plus des deux tiers des journalistes emprisonnés. Par ailleurs, le nombre de journalistes retenus en otage a toutefois baissé cette année par rapport à 2015. Ainsi, 52 journalistes, essentiellement des locaux, sont otages dans le monde, contre 61 l'an dernier. Aussi, révèle RSF, seul un journaliste, le Burundais Jean Bigirimana, est porté disparu (contre 8 l'an dernier). RSF considère qu'un journaliste est porté disparu "quand il n'y a pas suffisamment d'éléments pour déterminer s'il a été victime d'un homicide ou d'un enlèvement". Du reste, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avance, dans son rapport, le nombre de 259 journalistes emprisonnés dans le monde en 2016, dont 81 en Turquie. Ce nombre est inférieur à celui recensé par RSF car le CPJ ne tient compte que des journalistes détenus par des Etats, RSF recensant également les reporters pris en otage par des groupes non étatiques. Chez le CPJ, le top 5 des pays comptant le plus de journalistes en prison est composé de la Turquie, de la Chine, de l'Egypte, de l'Erythrée et de l'Ethiopie. FARID BELGACEM