Ayant remis en liberté le réfugié pakistanais, faute de preuves, la police allemande recherche désormais un Tunisien dont un document d'identité a été retrouvé dans le camion qui a foncé sur un marché de Noël, lundi soir à Berlin. De nouveaux développements ont été enregistrés dans l'enquête menée par la police allemande pour retrouver le chauffeur du camion de 38 t qui avait tué 12 personnes lundi soir en fonçant sur un marché de Noël dans la capitale de l'Allemagne. En effet, deux médias germaniques, en l'occurrence le quotidien Bild et le Allgemeine Zeitung de Mayence, ont affirmé hier matin qu'un document d'identité a été retrouvé dans le véhicule indiquant qu'il s'agit d'un ressortissant tunisien. Les enquêteurs ont retrouvé cette pièce d'identité sous le siège du conducteur dans la cabine du poids lourd. Le document d'identité retrouvé dans le camion est un document remis à un migrant dont la demande d'asile a été rejetée sans pour autant qu'il puisse être expulsé. Il a été émis par les autorités locales de Kleve, une ville de Rhénanie du Nord-Westphalie, située à la frontière avec les Pays-Bas, selon le quotidien régional de Mayence Allgemeine Zeitung. L'on apprend également que l'homme en question est connu sous trois identités et trois âges différents. D'après le site internet de l'hebdomadaire Der Spiegel, il est originaire de Tataouine, une ville du sud de la Tunisie. Cet homme est connu des services de police pour coups et blessures, mais il a disparu avant d'être jugé. Pis, il est en outre considéré comme dangereux car lié à "un grand réseau islamiste", selon Bild. Ceci étant, le réfugié pakistanais arrêté peu après sur un lieu proche de l'attentat a été finalement libéré mardi soir. Il y a lieu de rappeler que la Tunisie est l'un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements terroristes, notamment le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique. Ils seraient quelque 5500 Tunisiens à être partis combattre en Syrie, en Irak ou en Libye. C'était aussi un ressortissant tunisien qui avait précipité un camion dans la foule à Nice, le 14 juillet dernier, faisant 86 morts. Tout comme celui de Berlin, l'attentat de Nice avait été revendiqué par Daech. Cet attentat a eu pour conséquences immédiates une possible révision de la sécurité publique en Allemagne. Les questions qui reviennent le plus souvent sont du genre : renforcer encore la vidéosurveillance ou autoriser l'armée à patrouiller ? Le débat est donc engagé sur les mesures de sécurité en Allemagne, pays jusqu'ici épargné par les attaques de grande ampleur. "Cet attentat aurait pu être évité si la place avait été protégée par des blocs de béton", critique Joachim Krause, directeur de l'institut pour les politiques de sécurité de l'université de Kiel. "Il faudrait systématiquement sécuriser ce type de places" comme en Israël, "mais en Allemagne cet aspect a été négligé", ajoute-t-il dans le quotidien Handelsblatt. Face à ces critiques, les autorités se défendent en affirmant, comme le chef de la police judiciaire allemande (BKA) Holger Münch, qu'une sécurité totale n'existe pas. "Il y aura toujours un risque", a-t-il prévenu. "Si nous sécurisons tout, contrôlons toutes les entrées des espaces publics, cela ne correspondra plus à la culture d'ouverture qui est la nôtre", a jugé de son côté le maire de Berlin, Michael Müller.