L'artiste-peintre et plasticien Azwaw Mammeri expose jusqu'au 10 janvier 2017 à la Galerie d'art "Sirius" au Télemly (Alger-centre). Après une absence de la scène artistique qui aura duré onze ans, le peintre et plasticien Azwaw Mammeri revient avec l'exposition "En hors ton", dont le vernissage a eu lieu le 16 décembre dernier, à la Galerie d'art "Sirius" au Télemly (Alger-centre), et qui s'étend jusqu'au 10 janvier 2017. Le titre qu'a choisi Mammeri pour cette exposition, qui marque son retour en force dans le monde pictural, reflète, d'emblée, la richesse thématique, esthétique, avec ses techniques multiples et ses couleurs crues et basiques. Manquant à l'appel pour des raisons de santé, l'artiste a, néanmoins, subjugué par sa forte présence à travers ses toiles et la richesse de ses tableaux et autres sculptures, qui mêlent une kyrielle de références, de couleurs et de techniques, l'assistance composée de ses consœurs et confrères du monde de l'art, ainsi que des personnalités de la scène littéraire comme l'écrivaine Djoher Amhis Ouksel. A travers ses vingt-neuf toiles non-titrées, l'artiste, qui a employé une "technique mixte" pour la réalisation de ses œuvres, a incontestablement réussi à captiver l'assemblée, malgré son absence. Une assemblée qui s'est imprégnée dès les premiers instants du génie d'un Azwaw plus fort et plus inspiré que jamais, assurément attaché à ses racines, et qui n'a d'ailleurs pas tari d'éloges sur le travail magistral du peintre. Entre les toiles réalisées sur papier kraft mettant en scène des figures filiformes, tantôt sans bouche, tantôt sans nez, fortement inspirées des peintures rupestres du Tassili, des masques africains sculptés à même la roche ou le bois, qui reflètent l'attachement de ce peintre, au grand cœur, à ses racines africaines et berbères, ou encore d'autres qui semblent redonner vie à des monstres tout droit sortis des ténèbres, ces œuvres transcendantes appellent à la contemplation, à la réflexion et à un retour vers la pureté et la simplicité. A ce propos, le commissaire de l'exposition, Saâdi Chikhi, a souligné qu'Azwaw Mammeri est un touche-à-tout, mais qui reste viscéralement attaché à l'art primaire et aux matériaux bruts : "Il utilise le bois et la roche, il sculpte, fait des bas-reliefs, et travaille même le métal. Il use également de matériaux qui ne sont pas traités, sa technique et son style sont aussi très bruts". Et d'ajouter : "Les travaux exposés aujourd'hui ont pour thème les dimensions africaine et berbère, c'est un art qui est lié à son ‘africanité', notion très présente chez Azwaw. Mais au-delà de ce tout cela, son travail, je dirais, est principalement porté sur les identités, les souffrances du peuple de ce continent, d'où l'omniprésence de figures et de visages africains dans les toiles". Dominées par le doré, le beige, l'ocre, ou encore le rouge, agrémentées de petites figures géométriques placées consciencieusement sur tout leur pourtour, les toiles mettent en scène des silhouettes sans têtes, des têtes sans corps, des êtres humanoïdes qui expriment tour à tour détresse, désolation et sérénité. Dans l'un des tableaux, cinq figures sans bouche ni nez, l'air préoccupé, entourent un des leur, qui semble anéanti après l'arrivée d'une catastrophe. Mais l'œuvre phare de ce vernissage est, sans conteste, un masque africain sculpté sur roche, orné de collage en papier aux nuances dorées, vertes et rouges. Petit-fils de Azouaou Mammeri, l'un des pionniers de la peinture en Afrique du Nord, Azwaw Ali Mammeri est né le 24 septembre 1954 à Tizi Ouzou. Il commence à exposer ses œuvres dans les années 1980, une première exposition dédiée au grand poète et romanier algérien, Kateb Yacine. Il obtient de nombreux prix qui le consacreront comme l'un des artistes les plus doués de sa génération, comme le prix Rabah Slim Asselah (1996), le grand prix de peinture du Gouvernorat d'Alger (1998), ou encore le prix pour la fondation Boucebci (1999). Yasmine Azzouz