Le flux d'échanges intermaghrébins s'avère très modeste. “Les échanges commerciaux avec l'Europe élargis : une ouverture qui n'est pas garante du développement et qui modifie les structures industrielles”, lit-on dans un rapport 2004 du Femise (réseau euroméditerranéen regroupant plus de 80 instituts économiques indépendants chargés de l'analyse économique du processus de Barcelone), sur le partenariat euroméditerranéen publié récemment. “À la veille du 10e anniversaire du partenariat, le rapport 2004 n'a pas pour objet d'évaluer les apports de l'action européenne et de ceux des PM. Il s'agit plutôt de mettre en relief les orientations à prendre pour les années à venir, compte tenu de la situation actuelle et des contraintes des PM”, avertit le rapport dans son introduction. Le texte, qui traite de tous les aspects du partenariat euroméditerranéen, souligne que le flux des échanges intra-Maghreb est très modeste. “Globalement, il ne dépasse pas 3% des exportations du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, ce qui constitue le plus faible niveau des échanges extérieurs intra-zone dans le monde”, affirme-t-on. Les relations économiques entre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie ne reflètent aucunement le potentiel de développement de leurs échanges. Certes, écrit-on, “l'indice de complémentarité structurelle intra-Maghreb apparaît faible puisqu'il s'établi à 0,852 et 0,856 respectivement en 1995 et 2000, mais il se situe à un niveau quasiment identique à celui d'autres zones d'intégration, telles que l'Apec ou le Mercosur”. Cette situation ne permet pas d'impulser une dynamique d'intégration régionale, pourtant indispensable dans un contexte international marqué par les phénomènes de la mondialisation et de la régionalisation. Le commerce des pays du Maghreb avec certains autres PM, qui ont pu développer leurs échanges Sud-Sud comme la Jordanie, la Syrie et le Liban, est aussi marginal. Le document du Femise explique que l'ouverture des marchés des pays du Maghreb se traduit par l'annulation, soit systématique, soit progressive, des taux de taxation sur les importations. Leur annulation croisée devrait se traduire par une augmentation significative de ces importations au détriment des importations du reste du monde, ce qui conduira à une relance des transactions commerciales entre les différents pays du Maghreb, et de l'activité économique de chacun de ces pays. Néanmoins, l'ampleur de ce phénomène est contrainte par la faiblesse des transactions commerciales (des exportations comme des importations) entre les différents pays du Maghreb. “Il apparaît clair que la non-construction du grand Maghreb a un coût en termes de croissance économique”, conclut le rapport. “L'absence de toute intégration maghrébine est très dommageable et doublement pénalisante”, souligne le rapport. D'une part, au niveau interne du fait de la non-exploitation des énormes potentialités de coopération entre ces pays et de la perte d'avantages que pourrait procurer une intégration maghrébine en termes d'élargissement des marchés, d'attraction des investissements locaux et étrangers, d'exploitation des complémentarités (économies d'échelle, minimisation des coûts), d'accroissement de pouvoir de négociation, etc. D'autre part, au niveau externe, cette situation accentue l'asymétrie d'intégration dans toute la zone méditerranéenne et peut compromettre tout le projet euroméditerranéen. Ces pays doivent comprendre que le succès de leur arrimage à l'Europe passe par leur capacité à forger et à développer une intégration régionale. L'intégration Sud-Sud favorisera les réussites de la région, elle créera des économies d'échelle qui compensent la petite taille des marchés internes pris un à un, et favorisera les flux d'investissement vers la région nous-dit-on. M. R.