Le limogeage surprise du controversé secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, est sans doute à inscrire parmi les faits les plus saillants, sinon aux éphémérides, de l'année 2016 durant laquelle ce personnage politique a, à maintes reprises, défrayé la chronique politique avec ses discours aussi sulfureux que véhéments contre plusieurs personnalités. Propulsé au poste de secrétaire général par intérim de l'ex-parti unique fin août 2013, puis conforté dans sa fonction suite à son plébiscite par le congrès du parti en mai 2015, celui qu'on surnomme l'ex-percussionniste de la troupe de Menaï a été, contre toute attente, débarqué de son poste le 22 octobre 2016. Officiellement, Saâdani a démissionné pour "raisons de santé". "Je vous présente ma démission, même si vous ne l'acceptez pas, j'insiste, dans l'intérêt du parti et du pays" a-t-il lâché devant le comité central du FLN. Mais, ce jour là, d'aucuns ont compris qu'il s'agissait bel et bien d'un limogeage à la manière connue pour le pouvoir algérien depuis belle lurette. Ce qui divisait l'opinion, y compris les analystes et les observateurs avertis, c'était plutôt les raisons ayant provoqué cette surprenante remise au placard de celui que tout le monde s'accordait à qualifier de porte-voix du clan présidentiel. Si pour certains, Saâdani a tout simplement perdu la confiance de ses mentors qui l'auraient soupçonné d'être "sorti du rang pour nouer des alliances politiques dangereuses, étroites et intolérables avec Gaïd Salah en prévision de la présidentielle de 2019", pour d'autres, il a tout simplement payé pour être allé trop loin dans ses attaques, proférées quelques semaines auparavant, le 5 octobre, contre l'ex-patron du DRS, en retraite, le général Mohamed Mediène, dit Toufik, que Saâdani avait accusé d'être "à la solde de la France", "l'instigateur du groupe des 14 moudjahidine", "du groupe des 19" et derrière Rachid Nekkaz. Sauf que ses attaques contre l'ex-tout puissant général n'étaient pas nouvelles puisqu'en février 2014, dans une première sortie fracassante, le même Saâdani s'en était déjà pris violemment à lui en l'accusant de "tous les maux de l'Algérie". La mise en retraite de celui qu'on surnommait "Rab Dzaïr" en septembre 2015 par Bouteflika n'a fait que renforcer l'aura de Saâdani, surtout que déjà, auparavant, ses attaques frontales contre Belkhadem ont été suivies, le lendemain, du limogeage de celui-ci. Devenu de plus en plus écouté et omniprésent sur la scène politique, Amar Saâdani, en lequel on voyait plus que jamais un porte-parole du clan présidentiel, a fini par constituer le baromètre des soubresauts qui agitent le sérail. Il devient l'oracle mais surtout un va-t-en guerre contre toutes les voix discordantes. Avec une surdose de témérité, il défend Chakib Khelil, il s'en prend à l'opposition, et il tire à boulets rouges sur Ouyahia et Laksaci, en accusant le premier de "ne pas être honnête avec le président" et le second d'être "une des catastrophes de l'économie algérienne". Avant de boucler sa boucle des dérapages, Saâdani profère des menaces même contre le patron de Cevital, Issad Rebrab, en pleine crise économique. "Rebrab doit choisir entre la politique et les affaires" et que "s'il opte pour la première, il perdra son argent" a-t-il déclaré à Tébessa. C'est finalement Saâdani qui a perdu son poste de SG du FLN et qui a vu son show s'achever mais non sans marquer les annales politiques nationales. S. L.