Le verdict dans ces deux affaires, mises en délibéré, sera connu le 12 avril prochain. Le directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, qui continue de purger une peine de deux années de prison à laquelle il avait été condamné dans l'affaire des bons de caisse, a comparu une nouvelle fois, hier, devant le tribunal de Sidi-M'hamed d'Alger à la suite de deux dépôts de plainte, l'une du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et l'autre du milliardaire Al-Chorafa. Dans la première affaire, le procureur de la République a requis 6 mois de prison ferme à l'encontre de Mohamed Benchicou et deux de ses journalistes, en l'occurrence Youcef Rezzoug et Yasmine Ferchouche, alors que dans la seconde, la même peine a été prononcée à l'encontre de M. Benchicou et des journalistes Hassan Zerrouki et Abla Cherif. Le verdict dans ces deux affaires, mises en délibéré, sera connu le 12 avril prochain. Lors des débats, le collectif d'avocats représentant le ministre de l'Energie et des Mines et Sonatrach, qui s'est constitué partie civile, a réclamé un dinar symbolique et la publication dans la presse nationale d'un écrit de Mohamed Benchicou dans lequel ce dernier reviendrait sur ce que les plaignants considèrent comme des allégations mensongères. La défense, représentée par Me Bourayou et Me Benarbia, a, lors de ses interventions, plaidé la relaxe pure et simple, rejetant l'accusation de diffamation objet de la plainte contre ses clients. La plainte en question avait été déposée par le ministre de l'Energie et des Mines à la suite de la publication d'une série d'articles dans Le Matin traitant de la gestion de Sonatrach, de la nomination de feu Djameleddine Khan à la tête de celle-ci, de l'acquisition par cette dernière des deux tours du Val d'Hydra et de l'utilisation de l'argent de la même société dans la campagne électorale du candidat Bouteflika. Interrogé par la juge, M. Benchicou a affirmé que les informations publiées à ce sujet étaient du domaine du public et étaient basées sur des déclarations faites, publiquement, par des responsables de la Fédération des travailleurs du secteur pétrolier et rapportées par d'autres titres de la presse nationale. À propos de la désignation de M. Khan comme P-DG de Sonatrach, M. Benchicou a estimé que son journal s'est juste interrogé sur cette nomination qui intervient, alors que le concerné souffrait d'une grave maladie et qu'il était en soins accélérés. Le directeur du Matin s'est déclaré convaincu qu'“il s'agit là d'une campagne menée contre son journal, sinon, poursuit-il, comment expliquer le fait qu'il n'y a que celui-ci qui est concerné par la plainte et non pas les autres organes qui ont tous rapporté les mêmes informations”. Lors des plaidoiries, la défense s'est demandée quelle est cette loi qui interdit à un journaliste de s'intéresser à la gestion d'une société nationale ? “Bien au contraire, estime Me Benarbia, il est fait obligation à tout citoyen de défendre les intérêts du pays”. Pour sa part, Me Bourayou a tenu à mettre en évidence la sélectivité dont a fait montre la partie plaignante dans le dépôt de plainte, bien que les mêmes informations aient été publiées par plusieurs titres de la presse nationale. Dans la deuxième affaire jugée hier, le directeur du Matin a été appelé à la barre en compagnie de Hassan Zerrouki et de Abla Cherif pour répondre de l'accusation de diffamation à la suite d'une plainte déposée contre le journal par l'homme d'affaires Al-Chorafa. Le représentant du milliardaire émirati et ses avocats ont insisté sur le fait que Al- Chorafa n'a aucun lien avec Orascom Télécom Algérie, qui avait arraché la seconde licence d'exploitation du téléphone mobile. Pour les journalistes du Matin, c'est le milliardaire lui-même qui avait déclaré, dans des entretiens accordés aux quotidiens arabophones El Youm et El Fedjr, que son groupe détenait des parts dans OTA. Le procureur a requis 6 mois de prison ferme à l'encontre du directeur du Matin et des deux journalistes, et une amende de 50 000 DA pour chacun. H. S.